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Interview des créateurs et rédacteurs de Fantastikasia

Fantastikasia est un excellent site internet dédié au cinéma asiatique et qui commence à devenir une véritable référence en ce qui concerne cette culture des films très particulière.
Une bonne partie de ce site parle du cinéma populaire indien, c'est pourquoi j'ai demandé à ces créateurs et rédacteurs de répondre à quelques questions sur ce cinéma là. Vous découvrirez ainsi plein de choses sur le cinéma dit "Bollywood"...



Bonjour Ganesh/ Bonjour Athama, Bonjour Suraj pourriez-vous en quelques mots vous présenter aux lecteurs de Couleur Indienne ?

Interview des créateurs et rédacteurs de Fantastikasia

Athama : Je suis vietnamien né au Laos, carrefour de deux grandes civilisations la Chine et l’Inde. Je travaille pour une société lié à Internet et mes loisirs consistent à promouvoir le cinéma asiatique en France et en particulier le Cinéma Indien et le cinéma Thaïlandais. Bénéficiant d’un « bonne » éducation à la française, j’adorais lire des histoires et par extension le cinéma est devenu vite une passion.

Suraj : Bonjour, Je suis passionné de Cinéma, et d’origine indienne donc je m’intéresse assez logiquement dans mon cas aux cinémas indiens. Je suis étudiant, et j’ai rejoint Fantastikasia il y a 2 ans. J’y suis chef de rubrique Inde.

Ganesh : Bonjour, je suis un franco-indien né en Inde, ex-rédacteur en chef de la rubrique Inde, maintenant simple rédacteur. J’ai découvert le cinéma très jeune grâce à mon père qui m’a transmis sa passion en me faisant découvrir des films de tous horizons.

Vous êtes d'origine indienne qu'est-ce que ça représente pour vous ? Allez-vous régulièrement en Inde ?

Athama
Athama

A : Originaire du Laos et baigné par une culture qui est imprégné par la culture indienne, c’est tout à fait naturel que l’Inde me parle. Cependant, aller en Inde n’est pas dans mes priorités les plus immédiats. A dire vraie l’Inde des Bollywood m’attire plus que l’Inde réel.

S : En fait je suis natif de l’Ile de la Réunion, et d’origine indienne par mes ancêtres. Même si la culture indienne s’est diluée au fil du temps, elle est resté très forte malgré les générations et reste une part très importante de mon identité, puisqu’à part la langue qui a disparue remplacée par le français (colonisation oblige) tout les autres traits culturels sont restés (religion, cuisine, coutumes, etc). Je n’ai cependant plus aucune attache concrète avec l’Inde, et si j’y vais c’est presque en touriste.

G : J’aime bien cette phrase de Nehru : « Je suis devenu un mélange curieux d'Orient et d'Occident. Je suis partout hors de mon élément et nulle part chez moi ». Sinon oui, l’essentiel de ma famille se trouvant encore en Inde, j’y vais tous les deux ans.

Comment vous est venue l'idée de créer un site sur le cinéma asiatique ? Comment vous est venu le nom Fantastikasia



A :Cela fait une éternité que je voulais faire un magazine sur le cinéma asiatique. J’ai essayé de faire découvrir ce cinéma à travers un fanzine quand j’étais étudiant. J’ai même créé en 99, un site sur le cinéma asiatique qui s’appelait Shaolin Movies. Je me suis aperçu que d’autres sites faisait mieux dans ce domaine j’ai arrêté le mien en 2000.

A l’époque j’ai écrit une introduction au cinéma Bollywood… probablement le premier article écrit en langue français à ce sujet sur le net. Et puis en 2002, malgré l’existence des sites riches et incontournable sur le cinéma asiatique, je n’étais pas satisfait de l’offre. Le cinéma indien et thailandais n’était pas abordé par ces géants de l’Internet dans le domaine du cinéma asiatique : Cinemasie.com, Hkcinemagic.net, Sanchodoesasie.com et bien d’autre. Je me suis dit qu’il fallait un site du même niveau et traitant plus particulièrement du cinéma indien et thaïlandais. Fantasia était un joli que j’aurais voulu exploité, mais il était déjà pas mal pris. Fantastikasia découlait donc de source. Car il faut montrer que l’Asie est tout bonnement FANTASTIQUE.


Quelle est la fréquentation de votre site ? Avez-vous beaucoup d’abonnés ou de lecteurs ? A quel public vous adressez-vous ? Que peut-on trouver sur votre site ?


A : Fantastikasia est ouvert à tout public aimant le cinéma asiatique. Notre audience s’établit comme suit : Entre 300 et 500 000 pages vues (ces derniers temps tendances à la hausse vers les 500 000)
Plus de 100 000 visites par mois.
Fantastikasia parle du cinéma asiatique, plus particulièrement du cinéma indien, thaïlandais, mais n’oublie pas le cinéma japonais et coréen.

Expliquez comment fonctionne votre site ? Quelles sont vos fonctions respectives ? A combien travaillez-vous sur le site ? Présentez-nous l'équipe en un mot.


A : L’équipe se divise en plusieurs petites équipes qui ont chacune la charge d’une rubrique. Chaque rubrique est dirigée par un chef de rubrique qui coordonne les rédacteurs. L’équipe Bollywoodienne est la plus nombreuse.

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S : J’occupe la fonction de chef de Rubrique Inde. En quelques mots, mon rôle est de gérer cette partie phare du site : coordonner le travail des différents rédacteurs en fonction de l’actualité du ciné en Inde, en France, mais aussi des festivals. La partie Inde se compose d’une 15aine de rédacteurs dont Ganesh est un des piliers. Ca peut paraître beaucoup, mais comme tous sont bénévoles ils n’ont pas le même temps à consacrer au site, et ce nombre permet une rotation et une activité permanente.

6/ Comment se fait la mise à jour ? A quelle fréquence ? Comment choisissez-vous les films que vous mettez à l'honneur sur votre site ? J'imagine que vous les voyez tous ?


A :Fantastikasia s’est borné dans un premier temps à montrer des films incontournable du cinéma asiatique. Avec le temps nous allons vers des films plus méconnus du grand public. Tous les films critiqués sur fantastikasia ont été vus par au moins une personne de la rédaction.

S : Il y a au minimum 3 mises à jour par semaine concernant ma partie en particulier, à raison d’une mise à jour tout les 2/3 jours. Après tout dépend de l’actualité, et des articles disponibles - il va de soi qu’en été par exemple il y a moins de mises à jour qu’en plein mois de Novembre, vu que les lecteurs tout comme les rédacteurs sont partis en vacances. Dans la mesure du possible on essaie de coller à l’actualité, mais nous essayons de parler aussi des classiques incontournables, qui ne sont pas forcément connus du public actuel qui n’a connu le cinéma Indien qu’avec Devdas. Nous laissons une place importante à nos coups de cœurs, et à des films méconnus (comme le cinéma indépendant indien). Dans la mesure du possible on essaie d’alterner les articles sur les films Bollywood proprement dit, et les films régionaux fait en Tamoul ou autres langues.

G : Nous critiquons aussi les films qui ont bien marché au box office Indien même si on les trouve mauvais. On a parmi nos lecteurs, des amateurs de nanars (rires !)

7/ Vous avez installé un forum de discussion, qu'est-ce que ça apporte en plus à votre site ?


A : Un forum de discussion est un Super courrier des lecteurs. Tout ce qui ne peut être abordé dans le site mère est abordé dans ce forum où un simple lecteur peut apporter sa contribution.


S : Ca nous permet aussi de repérer aussi d’éventuels futurs rédacteurs. C’est un complément qui vient en plus du contenu rédactionnel du site - et non l’inverse.

G : Le forum a emmené beaucoup de femmes de toutes origines (rires), il y a même un couple qui s’est formé, donc Mr les célibataires euh … pardon Mr les amateurs de cinéma asiatiques et célibataires (rires) vous savez ce qu’il reste à faire.

8/ Maintenant c'est aux spécialistes du cinéma asiatique que je m'adresse. Y'a t'il un cinéma asiatique ou des cinémas asiatiques ? Le cinéma chinois ressemble-t-il au cinéma vietnamien ou coréen ? Qu'est-ce qui fait l'identité de chacun de ces ci


A : Le cinéma asiatique se compartimente en genre (Action, Romance, Comédie… etc) et qui sont regroupés en pays. Chaque pays possède sa manière propre de réaliser un film. Néanmoins, les cinéastes asiatiques pour la plupart sont formés techniquement en occident. Ce qui implique que cinématographiquement, le cinéma asiatique est occidental mais au service du récit asiatique.

9/ S'il y en a une, quelle est la spécificité du cinéma asiatique par rapport au cinéma européen et américain ?


A : Le cinéma asiatique en globalité subit moins la censure que le cinéma hollywoodien par exemple. Le cinéma asiatique va souvent plus loin offrant parfois des héros plus ambigus et inversement il peut montrer des héros au manichéisme beaucoup plus tranché.>


S : Le cinéma asiatique est actuellement le plus dynamique est créatif au monde. Hollywood à court d’idées fait essentiellement des remakes ou adaptation de comics, alors qu’en Asie avec notamment le dynamisme du cinéma coréen, il y a une effervescence créative. C’est là que se situe l’innovation, et peut être l’avenir du cinéma.

10/ En ce qui concerne le cinéma indien, sujet qui concerne plus les lecteurs de Couleur Indienne, y a t'il plusieurs cinémas indiens ? Qu'est-ce que le cinéma Bollywood ? Kollywood etc...


A : Je le laisse à mes plus illustres rédacteurs qui se feront une joie de répondre à cette question.

S : Parler de cinéma indien est à la fois juste et réducteur, dans la mesure où il se définit essentiellement par la langue… et il n’y a pas de langue indienne. L’indien ça n’existe pas, on parle soit l’hindi, le tamoul le bengali etc…Alors oui il y a plusieurs cinémas, le cinéma en langue Hindi qu’on appelle Bollywood et qui est le plus important en Inde tant en spectateurs qu’en poids économique. Ensuite on trouve les cinémas dits « régionaux », dont les films sont faits en tamoul, telugu, kannada, malayalam, bengali, punjabi…. En fait on distingue 7 grands centres cinématographiques en Inde, chacun en fonction d’une langue. Bollywood n’est que l’un d’entre eux, mais comme l’Hindi est langue nationale parlée et/ou comprise par à peu près la moitié de la population, il a logiquement la part du Lion.
Mais malgré toute ces différences on peut trouver à tout ces films fait dans des langues très différentes des points communs qui ont trait à la culture, à des sensibilités et des codes qui eux sont communs à tout les indiens quelque soit leurs langues.

G : Pour revenir à la dernière question, Bollywood est la contraction de Bombay (maintenant Mumbai et Hollywood), terme inventé par un journaliste indien dans les années 80. Kollywood lui vient de Koddenbakan (quartier de Chennai où sont tournés les films tamouls) et Hollywood. Comme le pays, le cinéma indien est vaste, on peut le départager en 2 zones : le nord dominé par le cinéma Hindi (Bollywood) et le sud dominé par le cinéma Tamoul et Telegu (Tollywood). Mais il faut savoir que chaque état de l’Inde à son propre cinéma et ses propres vedettes.

11/ En effet, l'Inde étant un pays fédéral, et multilingue, il existe un cinéma en plusieurs langues, mais est-ce que ces cinémas diffèrent uniquement par la langue ? Ou bien répondent-ils tous au même schéma ?


S : On retrouve globalement les même schémas narratifs dans les films commerciaux indiens quelque soit leur langue. Mais il y a des variations plus ou moins importantes selon les régions. En fait le genre qu’on pourrait qualifier comme spécifiquement ‘indien’ car commun à toutes ces langues, c’est ce qu’on appelle le film MASALA, le film qui mélange tout les genres : romance, action, humour, suspens, drame… vous retrouvez des films comme ça partout en Inde, c’est vraiment un trait d’union. Et même si la langue n’est pas la même, beaucoup de gens voient les films et les comprennent tout de même ; Par exemple les films Bollywood qui sont projetés dans le sud de l’Inde ne sont que rarement doublés : les spectateurs qui ne comprennent rien à l’hindi vont les voir sans sous-titres ni doublage, ce qui n’empêche pas les films d’être des succès parfois énormes.
Maintenant, dans ces Masala il y a parfois des variations de dosage entre les différents ingrédients. Par exemple, les spectateurs tamouls apprécient plus le drame, les Telugu l’action… donc les films reflètent ça.
Plus profondément, vous retrouvez beaucoup dans les films du sud (faits en Tamoul, Telugu, Kannada, et Malayalam) l’influence directe des grandes épopées comme le Ramayana sur les schémas narratifs, avec un héros qui va sauver son héroine des mains du méchant, tout comme Rama alla défier Ravana pour libérer Sita. Au Nord les influences sont plus arabo-persanes, à l’Est au Bengale les films sont plus intellectuels. Les films Bengalis ne comportent pas de chansons et font rarement plus de 2h, ils abordent plus facilement des thèmes sociaux, et correspondent plus aux critères occidentaux du film d’auteur (Satyajit Ray, Ritwik Ghatak etc) ce qui ne les empêche pas d’être indiens pour autant.

12/ Quel est le cinéma que vous préférez ?


S : Je n’ai pas de réelle préférence, j’essaie de rester toujours rester ouvert à tout ce qui se présente. Je privilégie le bon cinéma, maintenant il s’avère que depuis un bon moment celui ci vient plutôt des cinémas régionaux, et notamment tamouls puisque c’est le plus accessible en France.

G : Je n’ai pas de préférence particulière, tout dépend de mon humeur, quand je veux voir une comédie romantique, je regarde du Bollywood, c’est les meilleurs dans cette catégorie, si je veux voir un film d’action-masala, j’opte pour Kollywood.

13/ Quels sont les ingrédients d'un bon film Bollywood ?


A : Un bon bollywood doit absolument avoir un panel de chansons assez diversifié et pas uniquement que des chansons qui font danser dans les boîtes. Les chansons doivent être des composants totalement imbriqués dans le film et non venir comme des cheveux dans la soupe. Un bollywood doit offrir toujours ces charges émotionnelles qui les caractérisent nous faisant rire et pleure.


S : Un film 100% Bollywood , c’est à dire commercial et masala c’est en général une Romance avec de l’humour, du suspens, et de l’action… après la différence ce ne sont pas tant les ingrédients que comment ils sont mis ensemble : c’est la réalisation qui fait la différence, ainsi que la direction d’acteur et les scénario… comme dans n’importe quel film Bollywood ou pas d’ailleurs. Mais plus que les autres, dans les films Bolly c’est le charisme des acteurs qui peut faire la différence.

G : De belles chansons superbement chorégraphiés, un peu d’humour et bien sur l’Amour avec un grand A.

14/ Y'a t'il eu une vraie évolution de ce cinéma depuis les années 50-60 ou les années 80, grandes années du cinéma populaire indien ?


S : Oui il y a eu une réelle évolution. Durant les années 50-60 le cinéma indien correspondait à ses homologues occidentaux. Les sujets étaient souvent graves, les films parlaient de la société tout en restant divertissant malgré leurs peu de moyens. Il y avait de vrais auteurs comme en Europe (Guru Dutt, Bimal Roy, etc). Vers la fin des années 60 le cinéma indien est devenu beaucoup plus commercial. Les années 70 ont été l’avènement du genre ‘masala’ dont on a parlé plus haut, tout en cohabitant avec des films plus graves. Mais ceux ci sont devenus de plus en plus minoritaires durant les années 80 malgré un mouvement qu’on a appelé ‘la nouvelle vague des années 80’ qui a vu l’éclosion d’artistes nouveaux (tant acteurs/trices que réalisateurs d’ailleurs).
C’est aussi à cette période que c’est développé les cinémas régionaux. Avant ils étaient très minoritaires, et c’était véritablement Bollywood qu’on pouvait légitimement appeler ‘le cinéma indien’ parce qu’il parvenait à représenter et unifier l’ensemble de la population. Dans les années 80 ce n’était plus le cas. Cette période est aussi l’age d’Or de certaines cinématographies régionales (Telugu et Tamoul notamment) alors même que Bollywood commence à perdre de son aura, ce qui se confirmera dans les années 90.

G : Depuis la fin des années 90, il y a eu un bond en avant au niveau des prouesses techniques (photographie notamment et la mise en scène). Les budgets explosent et les chansons sont dorénavant tournées (pour beaucoup d’entre eux) à l’étranger. On constate aussi depuis l’année dernière à une occidentalisation des intermèdes musicaux à tendance MTV pour plaire au jeune et au NRI. Dommage.

15/ Quels sont les acteurs indiens que vous préférez personnellement ? Pourquoi ? Même chose pour les actrices, pour quelle raison ? Quels sont les acteurs/actrices qui vous semblent promis à une belle carrière ?


G : Ma préférence va actuellement à l’acteur tamoul Vikram (Anniyan), qui varie ses rôles et qui est capable de jouer tous les registres. Coté actrice, ben euh j’attends le retour de Kajol lol, la seule qui est capable de m’émouvoir.
Côtés nouveaux, ben euh, à part la malayali Asin, c’est plutôt assez triste en ce moment.

16/ Que pensez-vous des deux grandes stars Sharukh Khan et Aishwarya Rai qui commencent à se faire connaître internationalement et qui vont faire des films en Occident, notamment Aishwarya qui joue dans le prochain Astérix et qu'on a vu dans Coup de fo


S : Je trouve ça particulièrement révélateur des changements qui s’opèrent en Inde, et pas seulement dans le milieu du cinéma : l’Inde s’ouvre au monde. Cela peut contribuer à faire connaître ce cinéma ailleurs, et nul doute que Aishwarya Rai est une ambassadrice convaincante.

G : Aishawarya est belle mais sans un réalisateur talentueux derrière la caméra, elle a bien du mal… Je ne dirais rien sur SRK, je tiens à rester en vie (rires) , non mais lui il est talentueux, dommage qu’il ne varie pas plus ses rôles.

17/ Un véritable engouement vers le cinéma populaire indien est entrain de naître en France, pays qui a été longtemps réfractaire, à votre avis pourquoi un tel engouement ? Est-ce que le film Devdas, présenté à Cannes a contribué à cela ?


A : Plusieurs réponses à cela : La distribution des films tels que Devdas et Laagan, mais aussi les mouvements sur Internet qui permet de fédérer les passionnés. Si vous êtes moins seul, vous ne lâchez plus votre passion. Fantastikasia et les autres sites contribuent tout comme les distributeurs à la promotion du cinéma indien. Nous faisons en sorte que le cinéma indien puisse avoir sa critique comme tout cinéma en occident. Si le travail est fait avec sérieux, cela peut motiver beaucoup pour sa découverte.

G : Engouement est un terme un tantinet exagéré je trouve, pour l’instant les résultats au box office ne sont pas très encourageant. Je dirais que pour l’instant c’est de la curiosité, rien de plus.

18/ Pensez-vous que sans cela, vous auriez pu créer votre site ou pensez-vous qu'un site comme le vôtre a pu contribuer à cet engouement pour le cinéma indien, mais aussi asiatique ?


A : Il est indéniable que le cinéma asiatique a été révélé par la presse papier française, notamment l’excellent Mad Movies. Et nous aimons à penser que nous avons été pour beaucoup dans ce qui se passe actuellement pour le cinéma Bollywood. Si Bollywood veut réussir comme le cinéma asiatique, non seulement Bollywood doit s’appuyer des sites Internet mais aussi sur le support papier.

G : Notre site a été crée bien avant l’arrivée de Devdas au ciné en France. Notre idée était de promouvoir un cinéma injustement méconnu en Europe et de combattre certain cliché qui persiste.

19/ En ce moment on assiste à un véritable phénomène autour de l'Inde en France. L'Inde est à la mode en ce moment, comment l'expliquez-vous ?


A : Bollywood est une bouffée d’oxygène pour des français déprimés. Il arrive au moment où la technologie de l’information est à son âge d’or.

20/ Sur votre site, on trouve des paroles de chansons de films indiens, ce qui est très bien. Pourquoi l'avoir fait ? Comment ça se passe au niveau des droits ?


A : Il faut savoir que les ayants droits indiens ne s’appliquent pas encore sur le territoire français et de plus, nous le faisons dans un but d’information. Nous ne proposons pas uniquement une copie de la chanson mais bien de la traduction et souvent en corrélation avec les articles sur les films. Ceci constitue un tout et la liberté de la presse autorise des citations.

S : Parce que les chansons sont un élément essentiel des films, ils transmettent parfois plus de sens que les dialogues eux mêmes. Il nous semblait essentiel d’en proposer une traduction.

21/ Pensez-vous que le cinéma populaire indien pourrait exister sans musique, sans chansons et sans danses ? Pourquoi la musique et les chansons sont-elles si importantes dans ce cinéma là et pour le public ? Quelle est sa place dans le cinéma ?


A :Le cinéma indien ne se résume pas qu’à Bollywood.


S : Ca me paraît difficile tant que les films seront fait de manière typiquement indienne - car il existe et a toujours existé des films sans chansons : les films bengali depuis ½ siècle sont fait comme tel ! Mais dans la majorité des films populaire la musique est un élément essentiel, vecteur de sens, et souvent argument commercial essentiel pour attirer le public. La musique permet aussi de s’identifier plus facilement au film : les spectateurs connaissent les paroles par cœur avant même d’avoir vu le film, et vivent le film de l’intérieur. Dans les films indien le processus d’identification marche en général à 200%, la musique accentue ça.

G : La musique en Inde fait partie intégrante de la vie courante, elle est utilisée pour marquer chaque rite de passage, de la naissance à l'enterrement en passant par le mariage et les fêtes religieuses ou non. Et donc pour un spectateur indien, chanter et danser à l'écran ne constitue pas une rupture avec la vie normale. La chanson est une passerelle entre le monde réel et le monde imaginaire, où toute illustration du désir est permise.

22/ Quelle est la différence entre les bhangras et les autres chansons de films populaires indiens ?


S : Le bhangra c’est la musique populaire de Punjab, c’est surtout une musique de fête, traditionnelle, on ne peut donc pas la mettre à n’importe quel moment. Ca ne se prête pas tout à fait à une exaltation du sentiment amoureux par exemple.

23/ Croyez-vous que le cinéma populaire indien, le cinéma masala, a encore de l'avenir au moment où certains jeunes metteurs en scène essaient de faire un cinéma populaire plus social, genre Swades ?


S : Ho oui il a de beaux jours devant lui, car ces efforts sont très minoritaires, et rarement couronnés de succès. Le genre masala évolue lui aussi, en se modernisant et se pliant à la demande du public, il a donc peu à craindre de la concurrence.

G : Les films à tendance sociale ne supplanteront jamais les films de pur divertissement, en Ine ou ailleurs ! Vous connaissez ce type de film qui a fait plus de 4 millions de spectateurs en France ? ... euh ah si il y a Danse avec les Loups (rires).

24/ Pensez-vous que Fantastikasia peut-être considéré comme un site de référence pour le cinéma asiatique et notamment le cinéma indien ? A quel niveau ? Quelle est votre spécificité ? Votre force ?


A : Fantastikasia est surtout connu comme La référence du cinéma populaire indien. Et nous sommes le seul site à parler du cinéma Tamoule. Notre base de données d’articles sur le cinéma populaire indien est la plus importante dans web francophone. Les journalistes officiels et les directeurs de festivals nous reconnaissent comme un site incontournable.


S : Plus en matière de cinéma indien que asiatique je pense, car pour tout ce qui est HK et autres Japon il y a beaucoup de sites de référence. Mais en matière de cinéma indien Fantastikasia est le seul site de cette importance. Notre force serait qu’en tant que passionnés nous abordons beaucoup d’aspects différents, en tout cas le plus possible, mais que nous essayons d’avoir un jugement objectif. Dans la mesure du possible nous essayons de ne pas être des ‘fans aveugles’ et de juger objectivement les qualités et défauts d’un film, à ce niveau c’est presque journalistique, alors que la plupart des sites et revues anglophones sont assez partiaux j’ai l’impression.

25/ Quelles sont les prochains films indiens que vous nous conseillez et qui risquent de sortir bientôt en France ? Veer Zaara sort en avril 2006, que pensez-vous de ce film qui tente d'évoquer le problème indo-pakistanais ?


S : Pendant longtemps le thème de la relation indo/pakistanaise a été traité sur le mode de la polémique dans des films d’action patriotiques ouvertement antipakistanais- et cinématographique mauvais. En ce sens Veera Zaara augure de bonnes choses, c’est un film pacifiste qui montre que la situation et les mentalités changent ou tout du moins essaient de changer. De ce côté là c’est totalement encourageant, mais après pour la qualité du film ça reste du Bollywood très classique mais efficace. La sortie de Black est déjà plus intéressante, c’est un film différent de ce qui se fait traditionnellement à Bollywood et je suis curieux de voir comment la presse et le public vont réagir. En Inde il a été acclamé, on verra bien….

26/ Quels sont vos coups de coeur cinéma asiatiques et Bollywood de cette année ? Pourquoi ?


S : Cette année à Bollywood a été plutot dominé par des comédies sympatiques mais sans envergure. Les seuls qui sortent du lot pour moi sont les films différents, comme Parineeta, film historique adapté du même auteur que Devdas et plutôt réussit, il y a aussi le Thriller ‘My wife’s murder’ terriblement efficace à tout les points de vues et qui mériterait vraiment d’être découvert ici vu qu’il rivalise selon moi facilement avec ce qui se fait à Hong Kong. Mais le meilleur film de l’année est pour moi le film tamoul RAAM, enquête policière psychologique incroyablement réussie autant sur le fond que sur la forme.

G : année 2005, décevante pour moi, je n’ai pas de coup de cœur !

27/ Quel avenir envisagez-vous pour ce site, quels projets vous tiennent-ils à coeur ?


A : Nous espérons fournir un site encore plus étoffé devançant l’attente de nos lecteurs. D’autres projets plus axés sur le Live sont à l’étude, mais nous manquons vraiment de mains-d’œuvre…

S : Dans l’immédiat il y a la rubrique Biographies, et prochainement une rubrique musique qui proposera des critiques des BO de films, en complément avec la partie traduction de chansons.

28/ Comment aimeriez-vous conclure cette interview ?


A, G, S : Nous te remercions de ton intérêt porté à notre site. Nous espérons que les lecteurs de Couleur Indienne ont été satisfaits par nos réponses.

Dimanche 11 Décembre 2005
Fabienne-Shanti DESJARDINS

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