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La femme en Inde

Quelle est la place de la femme en Inde actuellement ? La question est complexe, parce que le statut de la femme en Inde est ambigu. En effet ce sont elles que l’on remarque en premier. Elles sont partout. Leurs costumes colorés (saris, chudidars, penjabis..) animent les paysages, leurs fleurs dans les cheveux éclairent la grisaille poussiéreuse des villes, parfument les rues. Qu'elles soient Rajasthani, Mahrati ou Adivasi, leur saris vifs comme des fleurs en font en quelque sorte des oiseaux aux plumages brillants. Elles sont remarquables, elles sont remarquées, dans les champs comme dans les villes... et elles fascinent les occidentaux qui débarquent en Inde. En outre, selon les textes de la Tradition hindoue, la femme, en tant que ciment et initiatrice du couple, doit être vénérée à l'égal de la Déesse, la Shakti, compagne de chaque Dieu. Pourtant, comme nous allons le voir, la réalité est bien différente dans la majorité des cas…
Le viol collectif et sauvage et meurtrier d'une jeune étudiante de 23 ans en décembre 2012 en Inde, en est le cruel exemple. Cette agression a déclenché une vague d’indignation et de manifestations en Inde mais au-delà de l'émotion, ce crime devrait pousser à une réflexion sur l’état de la société et de ses institutions et a et pris en défaut un pouvoir et une classe politique accusés d'indifférence face aux violences faites aux femmes.
A l'annonce de ce décès, on voit écrit partout "Nous ne voulons pas de vos condoléances. Nous voulons des lois contre contre les violences sexuelles". Des manifestations ont été organisées à Calcutta et à Mumbai. Cette affaire suscite également beaucoup de réflexions sur l'état de la société indienne dans les médias.

Au delà de l’arme sécuritaire et judiciaire appelé de ses voeux par la population Indienne et au délà des promesses de punitions des coupables, c’est aussi l’attitude de la société vis-à-vis de la femme qui devrait faire réfléchir le pays. En effet, même si l'Inde a été gouvernée pendant plus de 15 ans par Indira Gandhi, fille unique du libérateur Jawaharlal Nehru et depuis près de dix ans,en coulisses, par sa belle fille Sonia Gandhi, ne saurait faire oublier le sort réservé aux millions de femmes Indiennes dans toutes les couches de la société.

Le préjudice commence avant même la naissance, puisque facilité par les examens échographiques l'avortement des fœtus féminins est une pratique illégale mais courante. Selon le dernier recensement de 2011, le ratio entre filles et garçons dans la tranche d’âge de zéro à six ans s’établissait à 914 filles pour 1.000 garçons, le pire chiffre depuis l’Indépendance.

Le garçon est élevé dans l’idée qu’il est supérieur et que la femme est là pour le servir et le satisfaire. Dans les familles pauvres, si la nourriture fait défaut, le garçon est prioritaire sur la fille et idem pour l’éducation.
La dot que doit apporter au mariage la fille est un autre sujet de harcèlement pour les femmes (voir l'article dans la rubrique (société). Le phénomène s’est accru ces dernières années avec l’ouverture économique du pays et sa modernisation qui ont fait naitre des désirs liés à l'argent de plus en plus grands. Près de 10.000 femmes officiellement, beaucoup plus en réalité tant il est parfois difficile de percer la cause d’un décès maquillé, sont tuées chaque année dans des incidents liés à la dot. Ces meurtres touchent particulièrement les classes moyennes émergentes dont les aspirations sont plus grandes.

Plus libres et plus actives que dans le passé, les femmes tentent de surmonter les obstacles qui se dressent à chaque étape de leur vie. Très doucement la société évolue, mais il reste difficile aujourd’hui à une femme, de vivre seul et de façon indépendante. Malheureusement les cris d’indignation poussés par ce viol risquent bien de se perdre dans les méandres de la politique une fois l’émotion retombée.

Madame Rose VINCENT dit textuellement dans son livre "Mohini ou l’Inde des femmes (Le Seuil)" : “ les femmes en Inde sont douces, détendues ”, puis évoquant leur réserve affirme : “ pour un rien, elles baissent les yeux, comme l’oiseau craintif. ”
Je crois qu'il faut ajouter à cela, leur force, et pour prouver cela on ne peut qu’évoquer la figure emblématique d’Indira Gandhi qui en fut une illustration célèbre, elle qui ne cessait de redire que : “ la femme indienne pouvait tout faire, donner son avis sur tout... qu'elle avait tous les droits ”.

Alors la femme indienne, serait “ beauté, douceur, force ” ? Dans ce cas, tout serait idéal pour elle dans ce pays, où les déesses sont foisons, où l'on vénére l'image de l'Inde par le biais de sa féminine identité de Mother India ...Mais cela est plus complexe en fait. Ainsi quand Madame Shabana Azmi, journaliste, mais ancienne actrice hindi vénérée, écrit dans l’Hindoustan Times, en mars 1988 : “ la glorification de la femme indienne peut constituer un piège éminemment dangereux qui se referme sur elle. En l’appelant “ Devi ” ou “ Savitri ”, en l’idolâtrant, on lui vole toute possibilité de se défendre, de se battre ou de faire respecter ses droits ”. On devine que rien n'est aussi simple pour les femmes là-bas
Il est vrai que l’image de la femme indienne qui a été renvoyée plus récemment à la société occidentale n’est certes plus celle de cette femme de rêve, de cette femme rêvée mais elle s’est transformée en une femme "victime idéale".

C'est ce paradoxe douloureux que je voudrais vous présenter dans ce numéro de Couleur Indienne et je pense qu'il est important d'en parler...et pas seulement parce que je suis une femme moi-même.



Ambiguité et poids de la tradition hindouiste sur l'éducation des femmes indiennes

Je vous propose pour commencer de vous raconter l'histoire de Yajanavalkya qui apparaît dans le Brhadaranyaka Upanishad
Yajanavalkya est un roi. On raconte qu'il a deux épouses. Celles-ci se nomment respectivement Maitreyi et Katyayam. Maitreyi s'entendait en sciences de la vie, tandis que Katyayam restait dans l'horizon ordinaire des femmes. Selon le point de vue que l'on privilégie, on peut lire cette histoire de la femme indienne comme une longue lutte d'émancipation ou au contraire comme la lente détérioration de sa condition et de son statut depuis l'âge d'or mythique de l'époque des Védas. Il y aurait, en effet, eu une, voire des périodes, au cours de l'histoire indienne où les femmes auraient joui de beaucoup de droits. Elles auraient eu accès à l'étude des textes, aux rites culturels, au choix de leur époux...

Mais quand on lit les textes de références on constate qu'ils sont ambigus, parfois contradictoires sur le sujet. C'est le cas du Code de Manu. On peut y apprendre que “ les femmes sont des divinités qui président dans les maisons, que là où elles sont honorées, les dieux se plaisent ”. Ailleurs, pourtant on lira dans le même Code que le statut de la femme est d'être "une servante de son époux"... ”.

Il y a certainement un consensus qui s'établit très tôt en ce qui concerne le rapport du masculin au féminin. C'est le mariage des deux éléments que sont le ciel, qu'on dit masculin, la terre, qui est féminin, du dieu et de son avatar féminin (shakti) nécessaire pour que la vie soit possible. “ Le divin est un couple, l'analogue du couple humain, l'homme ou la femme ne peut s'en rapprocher qu'en cherchant à reproduire ce couple originel ” (cité dans Introduction à l'hindouisme, Bardeau, 1981). Mais voyons plus en détail le poids que la tradition impose aux femmes.

La tradition indienne est pénétrée des valeurs et des textes hindous dans lesquels la position de la femme a été codifiée par les Lois de Manu. Il y est écrit textuellement : "dans l'enfance, une femme doit etre soumise à son père, dans la jeunesse à son mari et lorsque son maitre meurt, à ses fils ; une femme ne doit jamais etre indépendante […] une femme n'est pas faite pour être libre". Ces mots sans équivoque le montrent bien: la femme doit être soumise à la figure masculine dominante. Même si cela peut sembler inacceptable pour les femmes vivant en Occident, on peut toutefois se demander quelles sont les raisons d'une telle infériorisation de la femme indienne. Pourquoi une telle insistance sur la dépendance si complète de la femme à l'homme ?

C'est en fait l'ensemble du système religieux hindou qui est ici à prendre en compte pour expliquer ce phénomène. Le livre des "Lois de Manu" pose ainsi les fondements de l'organisation de la société idéale voulue par les Brahmanes. Ce texte fondateur dicte les lignes de partage du système de castes, les règles de pureté et de pollution qui y correspondent et les devoirs de chacune de ces castes tant sur le plan religieux qu'au niveau fonctionnel, et ce code régit même la vie quotidienne. Il met ainsi en place une Loi Sacrée, une espèce de ligne de conduite transcendente à partir de laquelle chacun doit respecter les devoirs que lui impose sa caste afin que l'Ordre de l'univers soit maintenu.

Ce vaste édifice religieux et ses théories sur la manière de vivre en société qu'il impose (en ce qu'il fonde une société autant qu'il parle de Dieu) repose sur la loi du karma en vertu de laquelle nos actions présentes ont des répercussions dans nos vies futures tandis que nos vies présentes sont conditionnées par nos actions passées. A ce titre, l'individu nait alors dans une caste donnée en fonction des actes de sa vie antérieure, et sa présence dans cette caste doit etre maintenue car c'est dans l'ordre des choses (dans le dharma) et il ne faut pas déroger à cet équilibre, sinon c'est le chaos.

L'Ordre de l'univers, le Dharma, ne peut cependant être maintenu que si le système de castes lui-meme reste inalteré et inaltérable : la pureté originellement allouée à chaque caste doit être préservée et cela uniquement par la stricte séparation entre ces différentes castes. Par exemple, les membres d'une caste donnée doivent prendre leurs repas, travailler ou se marier au sein de cette même caste en évitant au maximum tout contact avec l'extérieur. Or, comme la pureté de la caste se transmet par le sang, la fidélité de la femme est la condition sine qua non du maintien de ce système. Et c'est là le coeur du problème. Parce qu'elle est la garantie du maintien de la caste, la femme hindoue représente donc une menace potentielle pour l'homme et pour l'univers tout entier. Elle doit donc etre soumise et protégée de ses instincts afin que jamais le Dharma ne puisse etre menacé par la faible nature qu'on attribue à la femme.

On sent donc bien ici que ce c'est bien tout un ensemble de croyances religieuses qui sous-tend la soumission inconditionnelle de la femme à l'homme, et ce en raison du danger que représente sa sexualité. En effet, toutes les normes imposées aux femmes sont liées à cette image menaçante d'une sexualité incontrôlée qui pourrait souiller la pureté de la caste : le mariage arrangé dès les premières règles par exemple comme ça se fait encore dans certains villages vise ainsi à canaliser cette sexualité naissante tandis que le statut insoutenable de la veuve sont eux aussi dûs au présage néfaste que représente une femme dont la sexualité n'est freinée par aucun homme. La femme est alors réduite au moyen par lequel l'homme perpétue sa lignée, à savoir sa capacité à porter l'enfant constituant pourtant sa plus grande contribution au bien-être de la famille et de la communauté. C'est une espèce de cercle vicieux en quelque sorte. La femme alors ne peut exister que par la présence de son époux car lui seul est en mesure, je le répète, de contrôler le danger potentiel qu'elle représente pour la société.

Il apparait donc que le statut dégradant de la femme dans l'hindouisme est inextricablement liée au système de caste pour qu'il ne permette aucune ambiguité quand à la parenté de l'enfant. Une fois encore, comme dans d'autres religions d'ailleurs, c'est la peur et la faiblesse des hommes qui asservissent à la base la femme sous le couvert de justifications religieuses. Par sa féminité, sa sexualité et sa maternité la femme demeure inaccessible à l'homme qui lui nie donc le droit d'être ouvertement femme. Il est à ce titre tout a fait caractéristique et c'est paradoxal d'ailleurs, que les femmes soient maintenues hors du foyer lors de leurs règles et lors de l'accouchement, les deux moments par excellence où leur feminité s'exprime de facon physique.

Durant ces deux périodes, la femme acquiert un statut très ambigu par lequel elle est associée à la fois à la vie et la mort (en raison du symbolisme du sang lors des règles). On touche ici à un point très particulier de la religion hindoue, un paradoxe fondamental à mon sens qui ne se limite pas à donner une image menaçante de la femme : l'hindouisme est infiniment plus complexe et raffiné que cela.

Tout comme la grande Déesse vénérée aux quatres coins de l'Inde, pour les hindous, la femme possède en elle des qualités à la fois divines et démoniaques. La vision si ambivalente de la femme en Inde, venerée en tant que mère et crainte en tant que femme, est inextricablement liée à la dévotion que vouent les Hindous à la Déesse sous ses différentes formes. Cette dernière est tout à la fois l'incarnation de l'énergie créatrice de Dieu, de ses volontés destructrices et de sa grâce infinie. Ainsi, on la dépeint seule lorsqu'elle porte la destruction et on la montre accompagnée de son époux (Vishnu ou Shiva) lorsqu'elle est la mère nourriciere. De ce fait, seul un mariage heureux peut contrôler ses terribles penchants. Tout comme la femme, dans la réalité quotidienne en Inde, selon la mentalité commune, menace lorsqu'elle est seule et protège lorsque sa sexualité est controlée par l'homme. Cet état de fait s'observe plus abondamment dans les milieux modestes en Inde et dans certains villages.

Pour ces populations et pour une grande partie de l'Inde d'ailleurs, donc, le rôle de la femme dans la société indienne est d'être épouse et mère. En effet, la famille est le centre de la société indienne et ses intérêts prévalent sur ceux des individus. L'éducation des filles est ainsi différente de celles des garçons.

La petite fille indienne est conditionnée dès l'enfance à son futur rôle d'épouse et de mère. Elle reste avec sa mère qui lui transmet les vertus féminines de soumission, de docilité, d'effacement. Ainsi, une fille de caractère, est très mal considérée contrairement à un garçon : l'idée qui revient sans cesse est comment fera-t-elle avec son mari si elle a trop de caractère ? Dans ce cas elle serait une menace car serait difficilement contrôlée par l'homme, or cela comme je vous l'expliquais plus haut, déstabiliserait dangeureusement l'ordre des choses, l'équilibre de la société prôné par l'hindouisme. L'éducation de la jeune fille indienne visera à faire d'elle le type de l'épouse idéale : experte dans les tâches ménagères et vouée à la procréation de nombreux enfants.

Une famille indienne investit moins dans les études d'une fille que pour celle d'un garçon car l'avenir de leur fille n'est pas de travailler pour subvenir aux besoins d'une famille mais d'assurer le bien-être du foyer familial en étant disponible à son mari et attentive à l'éducation de ses enfants. Toutefois dans les milieux plus riches, citadins, la jeune femme a plus de chances de faire des études plus longues seulement dans la perspective de réaliser un meilleur mariage. Cependant une fois mariée, la jeune femme sera tout de même épouse et mère avant tout. En effet, les diplômes font aujourd'hui partie de la dot et sont des critères de sélection.

L'avenir de la jeune fille indienne est déterminée dès sa naissance : contracter un bon mariage pour vivre son rôle d'épouse et de mère. Après avoir été conditionnée dès son enfance dans la perspective de son futur mariage, de sa prochaine mission de femme et de mère de famille, la jeune femme indienne à l'âge adulte n'a pas d'autre souci que de trouver un bon parti, un bon mari

Pour résumé, on a pu voir que la soumission des femmes indiennes des milieux les plus modestes a des racines profondément ancrées dans la religion hindoue dont les valeurs se sont diffusées dans les autres religions, déjà elles-memes dotées de leurs propres justifications de l'infériorisation de la femme. Et oui c'est partout pareil !!!


Petit historique sur le statut de la femme en Inde.

Le satut de la femme n'a cessé de changer au cours de l'histoire de l'Inde.


I - LA PERIODE ANTIQUE 1000 A 8000 AV. JC, dite période VEDIQUE

Durant cette période, la femme a des droits égaux à ceux des hommes. Elle a aussi un statut social important.

Dans l'antiquité (de l'an 1000 à 8000 av. JC), la femme était libre et avait les mêmes droits que l'homme. En effet de nombreuses sociétés pré-âryennes observaient le matriarcat comme le font encore de nos jours certaines tribus d'aborigènes. Avec l'avènement de la société « aryenne », la position de la femme devient progressivement subordonnée à l'autorité de l'homme, qu'il soit son mari ou son fils aîné.

Les lois de Manu (Mânavad Karmashastra) stipulent déjà à l'époque que la femme doit nécessairement toute sa vie durant dépendre d'un homme et c'est une des raisons pour lesquelles les mariages d'enfants (surtout des petites filles avec des hommes ou des adolescents) deviennent dès lors pratiquement la règle générale. Selon la coutume (le plus souvent d'origine religieuse) la femme indienne doit considérer son mari, comme une divinité sur terre, et, en conséquence lui être entièrement soumise. Mais de nos jours, les exigences de la vie moderne et les progrès de l'éducation font que la dépendance de la femme envers l'homme tend à diminuer.

Pourtant la femme est encore mineure devant la loi. D'abord sous la tutelle de ses parents, elle passe ensuite sous celle de son mari, puis de ses fils, si elle devient veuve. La plupart des écoles de Jurisprudence permettaient auparavant à la femme de posséder quelque chose en propre (lle STRIDHANA) sous la forme de bijoux et de vêtements. L'Arthacastra l'autorisait même à acquérir personnellement jusqu'à 2000 pana d'argent, tout surplus devant être remis à son mari. Ce dernier avait bien sûr des droits sur les biens de sa femme. Cependant elle pouvait, dans des limites raisonnables, disposer de ce qu'elle possédait et lorsqu'elle mourait, ce n'était ni son mari, ni ses fils qui en héritaient mais ses filles. Le droit des femmes à la propriété était donc limité mais l'était tout de même moins que dans d'autres civilisations anciennes. Dans la réalité, les femmes possédaient souvent bien plus que ne leur permettaient les lois du STRIDHANA.

La véritable fonction des femmes était dans le mariage, leur vraie tâche était de prendre soin des hommes et des enfants. Ce qui n'empêchait pas, malgré tout, que les femmes des classes supérieures aient été souvent fort cultivées.

La littérature de cour décrit souvent des dames en train de lire, d'écrire, de composer des chansons et il semble qu'elles aient été fort habiles à tous les arts du temps. Pourtant, à partir du moyen âge, la musique et la danse furent considérées comme peu convenable pour les jeunes filles de bonne famille, seules les pratiquaient alors les femmes de basses classes et les prostituées, mais tel n'était pas le cas dans l'Inde ancienne, où les jeunes filles riches apprenaient à chanter et à danser au même titre qu'elles étudiaient des arts plus distingués comme de peindre ou de confectionner des guirlandes.


II - LA CONQUETE MUSULMANE OU LA FEMME EST SEQUESTREE DANS LE PARDA (999-1030 APRES JC au 15eS) Durant la période musulmane, les hindous du nord adoptèrent le système du PARDA qui maintenait les femmes soigneusement cachées aux regards de tous les hommes. Ce système n'existait pas dans l'Inde ancienne. Le RIG VEDA dépeint des jeunes gens et de jeunes filles se rencontrant librement et n'indique pas que les femmes mariées aient été le moins du monde séquestrées.

III - L'INDE COLONIALE FIN DU 15eS JUSQU'AU 19eS L'Inde coloniale, la route des épices, le commerce avec les anglais, portugais, français et hollandais amène plusieurs influences culturelles. Le sort de la femme reste inchangé à quelques exceptions. Les anglais rendent la pratique du sati illégal.

IV - DEBUT D'EMANCIPATION AVEC GANDHI.

Dès 1929, le Mahatma déclarait qu'il serait intransigeant sur les droits de la femme. «Selon moi son travail ne saurait souffrir d'aucune exclusion qui ne soit applicable à l'homme. Garçons et filles seront traités sur un pied d'égalité absolue ». Il combattait alors la loi selon laquelle, de sa naissance à sa mort, la femme était placée sous tutelle de son père jusqu'au mariage, de son mari après. Nous savons également que la société n'accordait de statut ni à la veuve, ni à la vieille fille.

Le premier soin de Gandhi fut d'attirer la femme dans l'arène politique. Il lui fit jouer un rôle important dans la lutte pour l'indépendance. Ainsi ce fut lui qui forma Mme le 1er ministre de l'Inde INDIRA GANDHI, fille de NEHRU,

Les femmes hindoues ont relevé le défi du progrès avec un zèle étonnant. L'administration, les services des affaires étrangères comptent aujourd'hui des femmes aux postes les plus élevés. Il y a à peine 20 ans, les charges subalternes étaient seules réservées au sexe dit faible : ménage, enseignement primaire, machine à écrire, standard téléphonique. Actuellement le gouvernement central emploie plus de 21.000 femmes. Les chiffres pour les gouvernements des Etats sont encore plus élevés.

Au fur et à mesure que la femme se rend matériellement indépendante, la nécessité pour elle de se marier, voire, de s'accrocher à son partenaire malgré les incompatibilités s'évanouit. Désormais, une femme hindoue peut divorcer pour les mêmes raisons que ses sœurs d'occident, la femme n'est plus exclue de l'héritage paternel et la part de la veuve dans la succession de son mari n'est plus limitée à son entretien.

Rites et usages chez la femme

La vie de la femme indienne est chargée de nombreuses fêtes dès sa tendre enfance :

Dans le Tamil Nadu, par exemple, lors du percement d'oreilles, on fête le KADHEKOUTTI. C'est l'occasion pour les parents de commencer à parer leur fille de bijoux afin de pouvoir commencer à constituer peu à peu la dot pour le futur mariage de la fille, encore enfant au moment de la fête. Ainsi, dès son plus jeune âge, la fille indienne est vêtue de soie et de bijoux : elle porte le PAVADAI SATAI (corsage ajusté en soie avec jupe longue serrée à la taille). A la puberté, elle portera le DAVANI, puis à l'âge adulte le SARI.

A la puberté, on fête le MANJAITANI (cérémonie nubile, quand la jeune fille a ses premières règles) c'est l'occasion pour les parents d'informer leur entourage qu'il y a une jeune fille dans leur maison. A l'origine, le MANJATANI permettait aux parents d'annoncer au village qu'il y avait une fille à marier dans leur foyer.

Toutes ces fêtes permettent aussi à la famille de se réunir. Ainsi, les enfants, beaux-enfants , petits-enfants, frères et sœurs festoient ensemble. La grande famille indienne est d'ailleurs toujours très unie.

Le mariage et la dot

Jusque dans les années 20, les femmes en Inde étaient mariées autour de la puberté, vers 13 ans, voire bien avant. Mais l'interdiction des mariages d'enfants et les législations sur l'âge au mariage engagées à l'époque coloniale et reprises après l'indépendance, ont en principe interdit ces pratiques.

Depuis 1950, l'âge moyen au mariage est passé de 15 ans à 19 ans pour les femmes et de 21 à 25 ans pour les hommes et l'écart d'âge entre les époux est aujourd'hui de 5 ans. Le célibat définitif étant ignoré et de divorce, une exception, représente 1% des couples. Quant au concubinage, je crains fort qu'il n'existe pas !

Les mariages se font dans leur caste, le choix du conjoint appartient aux familles qui doivent encore négocier entre elles le montant d'une dot.


Qu'est-ce qu'une dot ?

C'est l'ensemble des prestations en nature et en espèces versées par les parents de la jeune fille à leur gendre ou à la famille de ce dernier. Quelquefois, la dot investie peut représenter près de 70% du capital économique des familles, ce qui est énorme. C'est comme une transaction commerciale pour certaines belles-familles et c'est pourquoi malheureusement dans certains villages, la dot peut occasionner des conflits violents. Ainsi par exemple, entre 1975 et 1978, on trouve plus de 5200 cas de jeunes femmes brûlées « accidentellement » par leur mari ou la belle-famille, leur dot étant jugée insuffisante. Les belles-mères, dans ce cas, n'éprouvent aucun scrupule à tuer leurs brus parfois !!!

Le mariage arrangé

La femme en Inde
Le plus pratiqué des mariages en Inde c'est le mariage arrangé, avec, bien sûr, la célèbre et inévitable dot, précédemment évoquée. Le mariage d'amour, certes tend à se développer mais reste très minoritaire tout de même et dans certains états n'existe pratiquement pas. Sauf dans les films Bollywood où les histoires d'amour sont toujours belles et pleines de danses et de chansons !

Dans le mariage arrangé, il existe aussi le mariage décidé dès la naissance des enfants. Les enfants sont mariés dès l'âge de 8 ans mais la jeune épouse devra rester chez ses parents jusqu'à sa puberté. Ensuite, elle rejoindra la famille de son époux, cette pratique, bien que réprimandée par les lois, existe encore dans quelques régions du Nord de l'Inde. D'un autre côté, dans le Sud, pour conserver les acquis sociaux, économiques et traditionnels, le mariage co-sanguin perdure. Le mariage mixte, c'est-à-dire entre personnes soit de races différentes, soit de castes ou même de religions différentes relève encore de nos jours de l'exploit en Inde !

Il est toujours rare de constater qu'un mariage se déroule sans heurts à propos de religion, de dot, ou de problèmes de caste. Dans les zones urbaines, bien que les mariages sont arrangés, quelques libertés sont laissées aux futurs époux et cela dépend des parents. Le mariage est sacré. La chasteté de la femme est la vertu la plus précieuse. Il n'en est pas demandé autant à l'homme, évidemment ! Le contraire serait plutôt le signe rassurant de la virilité de l'homme ! Même si les jeunes filles sont nées en France, beaucoup d'entre elles sont éduquées dans le but de devenir de parfaites épouses. Il existe encore quelques familles qui hésitent à laisser poursuivre les études supérieures aux filles de peur qu'elles s'émancipent. Souvent le mariage de ces filles se déroulent en Inde...

Mais en France il y a aussi beaucoup de jeunes indiennes qui poursuivent brillamment de longues études et s'émancipent, mènent leur vie comme elles l'entendent (en ne négligeant pas pour autant les vraies valeurs) et ce avec la bénédiction de leurs parents...Les temps changent et ce n'est pas plus mal.

La surmortalité féminine

J'ai évoqué précédemment le cas de femmes brûlées « accidentellement ». Ceci me pousse à parler de la surmortalité féminine en Inde. Son évolution inquiétante depuis 20 ans témoigne de la situation fragile des femmes. En 1970, la surmortalité était de plus de 10%, atteignant même plus de 20% à celles des garçons entre 0 à 10 ans. Elle était de 30 à 60% de 15 ans à 40 ans. En 1991, elle semble constante chez les filles de 1 à 30 ans mais avec une légère hausse parmi les 5 à 15 ans.

En milieu urbain, une forte régression est constatée, elle ne dépasse pas 20%. Elle est essentiellement rurale, ce qui démontre un déséquilibre séculaire et croissant entre les sexes, au détriment des femmes, dans l'ensemble de la population. Quelques chiffres le démontrent :

- En 1901 : 972 femmes pour 1 000 hommes
- En 1951 : 946 femmes pour 1 000 hommes
- En 1991 : 929 femmes pour 1 000 hommes
C'est donc plus de 29 millions de femmes qui manquent aujourd'hui en Inde.

Cette surmortalité est très accusée en Inde du Nord et Nord-Ouest, régions où l'infanticide féminin était pratiqué. Dans tous le pays, du Pendjab au Kérala, la naissance d'une fille est toujours dévalorisée. Engendrer un fils est essentiel pour prendre en charge le culte du père défunt. En outre, la venue d'une fille qu'il faudra doter et marier est souvent perçue par ses parents du point de vue économique, comme un coût négatif.

Bien qu'une politique en faveur de la naissance des filles est accentuée, les couples préfèrent avoir au moins un garçon. Aussi bizarre que cela puisse être, cette volonté d'avoir à tout prix un garçon n'est pas la farouche volonté de l'homme mais au contraire celle de la femme également. C'est pour cela que l'on dénote au Nord de l'Inde, une chute au niveau de la naissance de filles.

Un cas à part : La conception de la femme généralement attribuée au Bouddhisme

Comme le Bouddhisme étant né en Inde, il ne me semble pas incongru d'évoquer la conception du statut de la femme dans la religion boudhiste.

Petit rappel : A la naissance d'une fille, les membres de sa famille doivent travailler durement pour amasser la dot (ou pour en rembourser l'emprunt). Cela constitue un capital sans lequel ils ne peuvent espérer lui trouver un mari lorsqu'elle aura douze ou treize ans. Une fois mariée, si son mari venait à mourir avant elle, la femme devait le suivre dans la mort en se jetant dans le bûcher crématoire au cours d'une cérémonie appelée " sati ". Telle était donc la condition de la femme en Inde au moment où Śākyamuni établit les fondements du Bouddhisme.

Avec le cadre traditionnel dans lequel s'inscrit la naissance du Bouddhisme on peut s'attendre à première vue à une conception négative de la femme, ce que viennent confirmer les paroles du Bouddha au sujet des femmes ainsi que ses actions lorsqu'il instaura et organisa la Saņgha.

Le Mahāparinirvāņasūtra raconte qu'Ānanda, le plus proche disciple du Bouddha, vint trouver ce dernier alors qu'il était sur le point d'entrer en parinirvāņa dans le village de Kusinārā (4), et lui demanda comment les moines devaient se comporter à l'égard des femmes. " En redoublant toujours de vigilance" , répondit-il.

Le Sattabhartyasutta, qui fait partie de l'Anguttara Nikāya, résume les paroles du Bouddha au sujet des femmes et note que celui-ci distinguait sept catégories de femmes : trois catégories de femmes de mauvaise vie, trois catégories de femmes douces et honnêtes, et - celle qu'il préférait – la catégorie des femmes satisfaites de leur sort au foyer. Le Saddharmapundarīkasūtra (S) nous présente Śariputra, le disciple qui possédait la plus grande sagesse, rappelant l'enseignement du Bouddha selon lequel la femme est limitée par deux types de liens : les trois sujétions et les cinq obstacles. Les trois sujétions sont en général énoncées comme suit : " dans sa famille, la fille doit obéissance à son père ; dans sa belle-famille, elle doit obéissance à son époux ; à la mort de son époux, la mère doit obéissance à son fils. " Ce sont ces mêmes règles que nous trouvons clairement énoncées dans les Cinq Classiques de Confucius, dont le Livre des Rites. Il s'agit donc ici d'un point de rencontre entre la culture chinoise et la culture indienne, puisque toutes deux en font mention. L'Avatamsakasūtra (S) et le Soutra de l'enseignement du Bouddha aux fées (ou aux filles de la famille Jade (5) font aussi état de ces trois obligations incontournables qui fixent le cadre de l'existence des femmes indiennes. L'organisation de la société indienne a depuis toujours été dominée par les Lois de Manu (Manuvadharmaśastra - S), qui sont considérées comme le code de lois le plus ancien et le plus sévère de l'histoire de l'humanité et dans lequel ces trois règles qui délimitent le champ d'action des femmes sont également clairement mentionnées.

Les cinq obstacles, ou cinq interdits, sont les cinq états supérieurs qu'une femme ne peut en aucune façon espérer atteindre, à savoir l'état du dieu Brahma, celui du dieu Indra, celui de protecteur du Dharma, de roi universel (cakravartin - S) et enfin celui de bodhisattva (le modèle vers lequel tendent les efforts du pratiquant qui veut devenir un bouddha).

Les soutras mentionnent aussi explicitement que le Bouddha regretta d'avoir accepté l'entrée des femmes dans la Sangha et qu'il dit à ce propos : " Sans la présence des femmes, la doctrine serait restée florissante pendant 1000 ans, à présent que des nonnes ont rejoint la Sangha, le déclin adviendra 500 ans plus tôt. "

Telles sont les paroles du Bouddha que l'on rapporte en général. Ses actes reflètent aussi une vision négative de la femme. Dans les règles du Vinaya, le Cullavaggasutta relate comment fut fondée la Sangha des nonnes. La belle-mère du Bouddha s'appelait Mahāpajati Gotami. Elle avait épousé le roi Suddhodana, père du Bouddha, pour remplacer la mère de ce dernier, qui était morte peu après sa naissance, et prendre soin de l'enfant. Lorsque le roi mourut, la reine Gotami vint trouver le Bouddha qui résidait alors dans la ville de Kapilavastu, et le pria d'accepter qu'elle et ses cinq cents suivantes renoncent à la vie mondaine, prononcent les vœux et mènent la vie errante de nonnes mendiantes. Par trois fois, le Bouddha refusa sa requête. Il quitta ensuite Kapilavastu pour se rendre à Vaiśālī. Gotami ne se découragea pas. Elle se coupa les cheveux, s'habilla d'une simple cotonnade brune et, avec ses suivantes, suivit le Bouddha. Elles se tinrent dehors, à l'entrée du lieu où résidait le Bouddha, mains jointes en prière, les pieds gonflés et couverts de plaies d'avoir fait cette longue route pieds nus dans la boue et la saleté. Emu à cette vue, Ānanda vint plaider leur cause auprès du Bouddha mais, à nouveau, celui-ci refusa à trois reprises. Ānanda opta alors pour une approche détournée. Il demanda au Bouddha : " Bhagavant, si une femme intelligente renonce à la vie mondaine et pratique assidûment en suivant correctement les méthodes enseignées par le Tathāgata, pourra-t-elle obtenir le fruit ultime ? " Bien sûr, le Bouddha répondit que c'était possible. Ānanda présenta alors les preuves de la conduite irréprochable, de la détermination et de la motivation sincère de Gotami, et le Bouddha ne put plus refuser.

Toutefois, il leur imposa des conditions spécifiques, le Garudhamma (P), qui énonce les huit règles que doit respecter toute femme qui entre dans la communauté des nonnes (6) :

1. Toute nonne, même si elle est centenaire, doit se lever en présence d'un moine et le saluer avec modestie et respect, même s'il s'agit d'un tout jeune moine ou d'un moine qui vient à peine de prendre les vœux.
2. Une nonne ne peut demeurer que là où des moines ont déjà résidé auparavant.
3. L'assemblée bi-mensuelle des nonnes doit être arbitrée par un moine.
4. A la fin de la retraite d'été, les nonnes doivent procéder à leur examen de conscience en présence d'au moins deux moines et de toute la Sangha des nonnes.
5. Lorsqu'une nonne enfreint les règles, elle doit se repentir publiquement en présence d'au moins deux moines et de toute la Sangha des nonnes.
6. Après deux années d'étude des règles et des soutras, la nonne probationnaire
(sikkhamana) doit recevoir les vœux de nonne novice (samaneri) en présence d'au moins deux moines et de toute la Sangha des nonnes.
7. Une nonne ne peut en aucun cas porter d'accusation contre ou avoir de paroles dures envers un moine ;
8. Une nonne n'a pas le droit de faire de reproches à un moine, alors qu'un moine est autorisé à admonester une nonne.

A la lecture de ces règles, comment ne pas se dire que le Bouddha avait plus d'estime pour les hommes que pour les femmes ?
Cette impression se renforce encore lorsque nous examinons le Nāgādattasūtra (S) (un soutra du Mahāyāna qui porte le numéro 558 dans la bibliographie annotée de Taisho Dai, traduit au IIIème siècle par Dharmaraksa). Nāgādatta, la fille du roi des Nāgās, suivait la voie des bodhisattvas et avait fait le vœu d'atteindre l'état de Bouddha. Mara tenta de la détourner de l'objectif qu'elle s'était fixé en lui disant : " Le Bouddha n'a-t-il pas enseigné qu'une femme ne peut devenir une souveraine universelle ? Comment peux-tu dès lors espérer devenir un Bouddha ? A quoi bon perdre ainsi ton temps ! " Nāgādatta ne se découragea pourtant pas et elle persévéra dans sa pratique. Sa détermination et la force de son aspiration émurent le Bouddha qui envoya vers elle des rais de lumière qui la transformèrent en homme, et elle put ainsi atteindre l'éveil. Cette anecdote de la métamorphose de Nāgādatta en homme apporte la preuve décisive que la doctrine bouddhiste conserve à l'homme une position prépondérante quant à la pratique et à la possibilité de réaliser le but ultime puisque, si une femme veut atteindre ce but, elle doit au préalable s'être métamorphosée en homme.

Une amélioration dans le statut de la femme en Inde ?


Depuis l'Indépendance de l'Inde, à laquelle les femmes ont largement contribué, une amélioration s'est faite sentir, mais essentiellement en milieu urbain. Des associations menées par des femmes sont nées et se battent pour leurs droits.

La naissance du nationalisme à la fin du XIXè siècle en Inde a radicalisé les enjeux de la lutte et les femmes changent de statut : elle passe d'enjeux, d'objectifs de cette lutte à sujets et acteurs du combat dans le mouvement de l'indépendance du pays. Elles sont des icônes marquantes...

En 1870 l'Infanticid Act remet en cause le mode de vie des groupes concernés et leur conception de la naissance. Mais il est clair que son interdiction juridique est nécessaire même si elle n'est pas suffisante pour supprimer des pratiques profondément ancrées dans les mentalités. En effet l'infanticide des filles persiste sous des formes non cachées et non déniées.

A cette époque des personnalités comme Ram Mohan Roy (1772-1833) défendront la situation de la femme dans la famille et dans la société ; ils feront campagne contre le sacrifice des veuves, les mariages précoces, la polygamie, l'héritage de la femme qui appartient à l'homme, etc.

En 1856, un grand progrès pour les veuves : le remariage est permis et voté, c'est Ranada. D'autres mouvements tentent d'améliorer le sort des veuves à la même époque mais ils ne touchent que l'élite urbaine.

En 1927 on assiste à la naissance de la All India Women's Conference. Celle-ci implantera des antennes dans cent sites différents de l'Inde.

En 1939 et 1940, les femmes acquièrent les mêmes droits que les hommes. A la même période des femmes indiennes deviennent égérie de la cause féminine indienne et marquent de leur empreinte l'histoire et la politique indienne en étant active dans l'indépendance de l'Inde. C'est le cas de la poétesse Sarojini Naidu par exemple. Ce sont Gandhi et Nehru qui deviennent un peu les artisans de ce phénomène...Mais la plupart des statuts qui définissent la réalité féminine au quotidien seront obtenus après l'indépendance du pays le 15 août 1947.

Depuis cinquante ans, plusieurs décrets et lois vont améliorer son sort.

Par exemple :
En 1954-1956, paraît le Code de la Famille. On y trouvera entre autres décrets :
- l'âge du mariage alors fixé à quinze ans pour les filles, dix-huit pour les garçons. Cet âge légal sera reporté en 1976 à dix-sept ans pour les filles et vingt-trois ans pour les garçons ;
- la légalisation du divorce ;
- l'interdiction de la polygamie ;
- les droits à parts égales de succession établie, etc...

En 1961, la dot devient illégale.
En 1984, un amendement va renforcer l'interdiction de cette pratique. Elle continue pourtant d'exister actuellement dans certains villages.

Pour résumer le rôle, la place, le sort de la femme en Inde aujourd'hui et en général si l'on évoque que certains aspects de cette réalité, parce qu'on l'a vue la condition féminine indienne est très complexe et diversifiée selon que l'on soit hindou ou non (musulmane, sikh, parsie, bouddhiste...) selon que l'on se situe dans telle ou telle appartenance, etc.
On peut constater toutefois, dans le registre de la fécondité, par exemple, une évolution dans le principe des mariages et le passage lent du groupe familial élargi (grands-parents, parents, enfants) à la famille nucléaire (parents, enfants). Cela est plus réalisable avec la manière qu'on a de se loger actuellement (l'appartement isolé en immeuble).
Dans le registre de la scolarisation, on a pu constater que de très gros efforts avaient été faits pour scolariser tous les enfants. Le taux de scolarisation reste néanmoins plus élevé pour les garçons que pour les filles bien plus élevées à la ville qu'à la campagne. Si, en ville seulement 15% des femmes n'ont pas été scolarisées, en revanche, en milieu rural, ce sont parfois 80% et plus d'entre elles. Quand on sait que l'Inde est un pays de villages ! En 1981, un homme sur deux avait été scolarisé. Encore aujourd'hui d'un Etat à l'autre, il existe une grande disparité (dans L'état du Kerala, la scolarisation garçons et filles, est quasi totale, alors qu'au Rajasthan le taux est de 20 % et il varie selon les castes (Economic Developement and social Opportunity, Drèze J. Sena, Delhi, Oxford,1995).

Dans le registre de l'emploi, dans les années 80-90, suite au déclin des artisanats domestiques (tissage, décordage...) l'activité professionnelle féminine s'est réduite. Mais elles arrivent toutefois pour certaines, principalement citadines, à occuper des postes importants dans l'administration et la fonction publique et à Bangalore (le Silicon Valley indien) beaucoup de jeunes filles ont un savoir-faire reconnu au même titre que les hommes dans le domaine de l'informatique et des hautes-technologies...
A la campagne on estime à 30% les femmes qui sont agricultrices et à 52% celles qui sont des salariées agricoles (participation au repiquage du riz, travaux de terrassement...).

L'enjeu de la société indienne d'aujourd'hui et de demain est-il un enjeu lié à la place qui sera faite à la femme ou est-il d'abord et avant tout un enjeu économique comme l'écrit Suneet Vir Singh dans l'Hindoustan Times ? (1988).

En conclusion, on peut dire qu'il existe, encore, actuellement, un fossé entre les privilèges et les droits politiques et économiques des femmes en Inde tels qu'ils ont été définis par le législateur et ceux dont elles jouissent dans la réalité. La femme qui est, en théorie, l'égale de l'homme d'après la Constitution indienne est encore loin de cet idéal. La femme active est confrontée à de multiples problèmes chez elle et au travail. La situation d'infériorité (cf. études de G. poitevin et H. Rairkar Village au féminin, éditions l'Harmattan) qui est celle des femmes bien souvent en Inde résulte des contradictions qui existent dans la société indienne.

Dans les villagees, si elles ont pu jouer un rôle important tant qu'elles ont contrôlé les opérations de production manuelle, avec l'apparition de nouvelles technologies, les commandes sont passées aux mains des hommes et de ce fait, elles ont été reléguées dans un statut de dépendance et de subordination à nouveau. Beaucoup ont émigré et continuent d'émigrer vers la ville où elles acceptent des emplois de bas niveau et disqualifiants parfois. La persistance de normes sociales traditionnelles face aux attributions nouvelles qui sont les leurs créent des difficultés d'adaptation. Les femmes se trouvent soumises à de plus grandes tensions psychologiques.

Les hommes acceptent qu'elles travaillent car c'est une aide financière sensible à l'amélioration du quotidien, mais en même temps ils refusent d'abandonner bien souvent leur place de “ chef ”. Ils ne participent pas à tout ce qui fait la vie domestique journalière (tâches ménagères...). Par ailleurs, la hiérarchisation extrême de la société indienne ne facilite pas l'accès des femmes à des rôles impliquant un pouvoir décisionnaire.

Elles qui représentent 48% de la population active et de la main d'œuvre, leur participation réelle à tous les niveaux de la vie permettra leur libération et leur pleine réalisation en même temps qu'elle facilitera l'évolution économique.

Beaucoup de chemin a été parcouru depuis cinquante ans. Il en reste encore à faire. Epouse et mère ? La plupart des femmes veulent l'être mais à condition de ne pas nier la part essentielle de la Femme. Comme tout être humain, la Femme indienne a droit à son épanouissement personnel à travers l'enrichissement d'un travail, d'un art, d'une activité. Epouse et mère ? Oui, mais les femmes d'aujourd'hui veulent être autre chose qu'un produit conditionné.

En France, les femmes indiennes d'origine Pondichériennes pour beaucoup sont de plus en plus maîtresses de leur vie...elles poursuivent des études universitaires,...choisissent leurs maris aussi...mais pour autant elles n'oublient leur indianité et les valeurs qui s'y rattachent...Ce sont comme les autres femmes indiennes, des êtres dignes et d'une force intérieure. J'ai pu le constater très souvent, même si on trouve encore des femmes soumises et obéissantes à leur mari et qui se disent heureuses et qui le sont sans doute. Cependant le conditionnement de soumission de la femme doit disparaître : la femme en tant qu'individu doit être mieux reconnue et respectée en Inde. Ses droits civiques doivent être équivalents à ceux des hommes. A ce propos, la femme dans la politique en Inde est très active dès le début du siècle et accède à de hautes fonctions, contrairement en France.

Il y a beaucoup de femmes en Inde qui occupent tout de même de bons postes, mais se sont surtout des femmes éduquées, qui sont issues de famille aisées...

Les Femmes propagent les traditions à travers l'éducation des enfants. C'est à elles de changer, d'être solidaire les unes des autres et d'éduquer les filles et les garçons pour une évolution de la femme, afin que ses droits soient les mêmes que ceux de l'homme. Cela implique également un changement de la mentalité masculine, plus ouverte à la sensibilité et aux pensées féminines

Il est souhaitable que les femmes indiennes deviennent de plus en plus et à part entière des "acteurs" de l'avenir de l'Inde dans un partenariat complémentaire avec les hommes. Ce serait un bien, non seulement pour elles mais aussi pour l'Inde.

En assumant ces responsabilités tout en gardant son rôle de femme, c'est l'honneur de toute une société qui est maintenu, c'est l'ordre du “ dharma ” qui est respecté.


Source : Compte-rendu de débats de l'UAFI sur la femme indienne, 31 mai 1997 http://uafi.free.fr/femmes/parallele.htm Rapport ONU, US dept : http://www.fraternet.com/femmes/art12.htm "LE GENIE DE LA FEMME INDIENNE" François GAUTIER, 10/3/2000 paru sur http://asiep.free.fr/inde/inde-actualites2000.html La condition de la femme d'après les écrits bouddhistes par Nguyên Phuc Buu Tâp Traduit du vietnamien par Corinne Segers; mes lectures personnelles, l'actualité

Conclusion

Joyce Vaghela travaille pour le Service de la santé communautaire à l’hôpital St Stephen’s de Delhi, en Inde. Voici ce qu'elle écrit sur la condition de la femme en Inde.

"Jawaharlal Nehru, Premier Ministre de l’Inde, a déclaré : « On peut juger l’état d’une nation d’après la condition de ses femmes. »

Le point 13 de la Déclaration de Beijing de la 4ème Conférence mondiale des femmes (1995) stipule : « Le renforcement du pouvoir d’action des femmes et leur pleine participation sur un pied d’égalité à tous les domaines de la vie sociale, y compris aux prises de décision et leur accès au pouvoir, sont des conditions essentielles à l’égalité, au développement et à la paix. »

Il existe de nombreux exemples de ce que les femmes peuvent accomplir lorsqu’on leur en offre l’occasion. En Inde, on trouve des femmes leaders politiques, astronautes, athlètes et écrivains, qui sont un modèle pour les jeunes femmes. Hélas, la pauvreté et les inégalités sociales empêchent nombre de femmes de réaliser leur potentiel. Le principe de l’égalité des sexes fait partie de la constitution indienne, de son système judiciaire et de la politique du gouvernement. Cependant, il existe toujours un grand fossé entre ces principes et la réalité de la condition féminine dans de nombreuses communautés de l’Inde. On peut le voir dans le faible taux d’alphabétisation des femmes et le taux élevé de mortalité maternelle, surtout en zones rurales. Il faut absolument changer les attitudes au niveau de la famille. Les parents doivent garantir que les filles aient accès, comme les garçons, aux soins médicaux, à l’éducation, aux formations, aux opportunités et aux ressources.
La faible valeur donnée aux femmes et aux filles par la société fait qu’elles ont moins de chance de recevoir des traitements médicaux à temps ou une nutrition adéquate, que les hommes. L’accès inégal à la nourriture, l’exigence des travaux pénibles et les besoins nutritionnels spéciaux comme le fer, engendrent la vulnérabilité des femmes et des filles aux maladies, particulièrement à l’anémie. L’anémie par manque de fer est très répandue parmi les Indiennes et affecte la majorité des femmes enceintes. Les femmes anémiques et mal nourries donnent naissance à des bébés sous-alimentés.

Nombre de femmes travaillent deux fois plus d’heures que les hommes car elles accomplissent presque toutes les tâches domestiques en plus du travail à l’extérieur de chez elles. Leur travail domestique n’est ni payé ni reconnu. Le partage égal des responsabilités familiales entre hommes et femmes aidera à améliorer la condition des femmes en Inde. Si les maris font preuve d’amour et de respect envers leur épouse, si les parents donnent la même valeur aux filles qu’aux garçons, ce sera un bon modèle pour la génération à venir. "


Le cas des viols en Inde en nombre grandissant.

Le viol collectif et sauvage d'une jeune étudiante de 23 ans en décembre 2012 en Inde a déclenché une vague d’indignation et de manifestations en Inde mais au-delà de l'émotion, ce crime devrait pousser à une réflexion sur l’état de la société et de ses institutions et a et pris en défaut un pouvoir et une classe politique accusés d'indifférence face aux violences faites aux femmes.
A l'annonce de ce décès, on voit écrit partout "Nous ne voulons pas de vos condoléances. Nous voulons des lois contre contre les violences sexuelles". Des manifestations ont été organisées à Calcutta et à Mumbai. Cette affaire suscite également beaucoup de réflexions sur l'état de la société indienne dans les médias.
 
L'an passé en Inde, un viol était signalé toutes les 20 minutes mais seules 26% des affaires portées en justice débouchaient sur une condamnation des agresseurs, selon les chiffres du bureau national des statistiques criminelles.
Au total, 24.206 plaintes pour viol ont été enregistrées en 2011 et 22.141 l'année précédente, chiffres qui ne prennent pas en compte les actes d'agression non signalés aux autorités. Delhi, plus de 16 millions d’habitants, détient le triste record du nombre de viols dans les grandes villes, 635 officiellement depuis le début de l'année 2012.
 
Face à ce crime médiatisé perpétré sur cette jeune étudiante, des voix s'élèvent chez les politiques comme dans la société civile pour appeler à la pendaison des violeurs, à leur castration chimique ou leur lapidation. Mais ce que montrent les faits c'est que les condamnations pour viols sont rares et, à Delhi, sur les 635 viols enregistrés cette année seulement un seul a mené à une condamnation, c'est scandaleusement très peu. Le cercle vicieux se referme avec un système policier en lequel elles n'ont pas confiance et pour cause : la National commission for women dénonce le harcèlement subi dans les postes de polices et affirment que 5 % des plaintes qu'elle reçoit concernent des agressions policières.
La jeune femme de 23 ans, agressée le 16 décembre, est décédée des suites de ses blessures à l'hôpital Mount Elizabeth de Singapour où elle avait été évacuée dix jours après les faits.Elle avait auparavant été traitée dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital Safdarjung de New Delhi où un magistrat avait pu enregistrer sa déposition avant que son état de santé ne se dégrade rapidement. Les autorités indiennes ont d'abord traité cette agression comme un crime parmi d'autres, ne lui accordant pas d'importance particulière sans présager aucunement des réactions violentes et des manifestations virant à l'émeute de la part de la population.
 
 
 
En effet, l''étudiante en médecine, incinérée dimanche  31 décembre lors d'une cérémonie privée et dont l'identité a été maintenue secrète, est devenue un symbole pour dénoncer les abus commis régulièrement contre les femmes dans un pays émergent, considéré comme étant le plus peuplé au monde où elles évoluent dans une société patriarcale, machiste et violente.
L'identification des agresseurs a été possible grâce au témoignage du jeune homme ami de la victime, un ingénieur en informatique de 28 ans, également agressé par les six hommes dans l'autobus et de la déposition de la jeune fille peu temps avant son transfert à l'hôpital de Singapour où elle est décédée le 28 décembre dernier. Ses agresseurs encourent la peine de mort par pendaison mais l'Inde applique rarement les sentences capitales. Les détails de cette agression sauvages sont sordides où 6 hommes se sont déchaînées sur une femme pendant une heure, la violant tour à tour et terminant ce viol par l'introduction d'une barre de fer en elle ce qui a déchiré des organes vitaux provoquant inexorablement le décès de cette femme.
 
Le premier ministre a reconnu que les violences contre les femmes étaient "un problème" significatif en Inde où près de 90% des 256.329 crimes violents enregistrés en 2011 ont une ou des femmes pour victime(s), selon les chiffres officiels.
 
Manmohan Singh s'est engagé à mieux protéger les femmes contre les crimes sexuels et a souhaité des peines plus sévères pour leurs auteurs. Il a également ordonné la création d'une commission d'enquête spécialement chargée de cette affaire. Les photos, noms et adresses des violeurs condamnés seront désormais publiés sur des sites internet de l'administration fédérale. La mesure concernera d'abord New Delhi dont l'insécurité lui a valu le surnom de "capitale du viol".
 
Par ailleurs, davantage de femmes officiers seront recrutées par la police de Delhi.
La police a indiqué le 29 décembre qu'une jeune écolière de 15 ans avait été égorgée après un viol collectif, la veille, dans l'Etat d'Uttar Pradesh. Une autre adolescente indienne de 17 ans, victime d'un viol collectif, s'était suicidée le 27 décembre après qu'un policier eut tenté de la convaincre de retirer sa plainte et d'épouser un de ses violeurs.
 
Il faut que cela cesse...

Dimanche 9 Juin 2013
Fabienne-Shanti DESJARDINS

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