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Le Taj Mahal

Le dernier roman de Christian Petit ayant comme sujet le Taj Mahal (Le Songe du Taj Mahal chez Fayard, Le Taj Mahal au Clair de Lune, chez Fayard), j'ai décidé de consacrer un article à ce monument symbole de l'Inde.

Le Taj Mahal (en hindi ताज महल), situé à Âgrâ, au bord de la rivière Yamunâ dans l'Inde du nord, est un mausolée construit par l'empereur moghol Shâh Jahân en mémoire de son épouse Arjumand Bânu Begam, plus connue sous le nom de Mumtaz Mahal, qui en persan signifie « la lumière du palais ». Elle meurt le 17 juin 1631 en donnant naissance à leur quatorzième enfant alors qu'elle l'accompagnait en campagne et trouve une première sépulture temporaire sur place dans le jardin Zainabad à Burhampur. La construction commence en 1632. Il existe cependant une polémique sur la date exacte de la fin des travaux. Le chroniqueur officiel de Shah Jahan, Abdul Hamid Lahori indique que le Taj Mahal est achevé fin 1643 ou début 1644. Mais à l'entrée principale une inscription indique que la construction s'est achevée en 1648. L'état de l'Uttar Pradesh, qui célèbre officiellement le 350e anniversaire de l'édifice en 2004, affirme quant à lui que les travaux se sont achevés en 1654. Parmi les 20 000 personnes qui travaillent sur le chantier, on trouve des maîtres artisans venant d'Europe et d'Asie centrale. L'architecte principal est Usad Ahmad de Lahore.



Le complexe du Taj Mahal

Le Taj Mahal

Le Taj Mahal est construit en utilisant des matériaux provenant de diverses régions de l'Inde et du reste de l'Asie. Plus de 1 000 éléphants sont employés pour transporter les matériaux de construction durant la construction. Le marbre blanc est extrait du Rajasthan, le jaspe vient du Panjâb, la turquoise et la malachite du Tibet, les saphirs et le lapis-lazuli du Sri Lanka, le corail de la mer Rouge, la cornaline de Perse et du Yémen, l'onyx du Deccan et de Perse, les grenats du Gange et du Boundelkhand, l'agate du Yémen et de Jaisalmer, le cristal de roche de l'Himalaya. En tout, 28 types de pierres précieuses et semi-précieuses ont été utilisées pour composer des motifs de marqueterie dans le marbre blanc. Tout ceci est très bien montré dans "Le Taj Mahal au clair de Lune" de Christian Petit.

Le dôme central du tombeau est entouré par quatre minarets identiques, qui s'inclinent vers l'extérieur de telle sorte qu'en cas de tremblement de terre, ils s'écroulent dans la direction opposée au tombeau. À la gauche du monument se trouve une mosquée, faite de grès rouge, qui a été construite afin de sanctifier l'endroit et fournir un lieu de culte aux pèlerins. Du côté droit, se trouve une réplique symétrique exacte de la mosquée, connue sous le nom de jawab (« réponse »), destinée à maintenir la symétrie architecturale mais qui n'est pas employée comme mosquée car elle n'est pas orientée vers La Mecque. Enfin, à l'avant du monument se trouvait le charbâgh (« quatre jardins ») traditionnel persan plantés d'arbres où poussent des fleurs en abondance. Le vice-roi britannique Lord Curzon a remplacé ce jardin par des pelouses typiquement britanniques.

Le complexe du Taj Mahal est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1983

Mythes, légendes et polémiques autour du Taj Mahal


Dans le roman de Christian PETIT "Le Taj Mahal au Clair de Lune", l'écrivain nous raconte que Shah Jahan avait eu le projet de créer un "taj noir"...Ceci n'est pas sorti de son imagination. En effet la légende reste vivace d'une planification par Shâh Jahân de la construction d'une réplique symétrique du Taj sur la rive gauche, en marbre noir cette fois-ci, les deux bâtiments finissant par être reliés par un pont.

Il semble que le premier à avoir colporté cette idée soit le joaillier Jean-Baptiste Tavernier qui se rendit plusieurs fois aux Indes à la recherche de pierres et qui raconte avoir assisté à plusieurs stades de la construction du bâtiment. Bien que ses écrits soient une source historique importante pour la connaissance du pays à cette époque, il semble qu'en l'occurrence il se soit laissé abuser. Il y prétend que le renversement de Shâh Jahân par son fils empêcha le démarrage des travaux. Il est peu probable cependant qu'ils aient été envisagés, le trésor impérial ne l'aurait pas permis. Cet état des finances impériales fut d'ailleurs un des détonateurs de la lutte pour sa succession. De plus, contrairement au marbre blanc que l'on trouve en abondance au Rajasthan, donc à peu de distance et à un prix très bas, même encore aujourd'hui, on ne trouve pas de marbre noir, en tous cas pas dans les quantités nécessaires, en Inde, ce qui aurait rendu les coûts de construction impossibles à assumer.

Enfin, des fouilles en face du Taj, sur l'autre rive du fleuve ont bien révélé des structures, mais il s'agit du mur d'enceinte du Mehtab Bagh, un jardin construit par Bâbur, et nullement ce Taj noir.

Le Taj, trône de dieu au sein du paradis


Dans son article "The Myth of the Taj Mahal and a new theory of its symbolic meaning (Art Bulletin, Vol LXI, no 1, mars 1979, travaux exposés dans le documentaire The Mystery of the Taj Mahal, Ron Johnston, 1999)", l'historien Wayne Begley de l'université de l'Iowa, fait une étude approfondie de la signification symbolique du Taj Mahal. Il ne faut pas oublier que le monument est d'inspiration moghole, donc musulmane, mais de cet Islam flamboyant propre à l'Inde de cette époque. C'est justement vers une interprétation religieuse que se penche cet article. Il suggère que l'organisation du complexe, les bâtiments et les calligraphies d'Amânat Khân qui l'ornent forment une allégorie du jour de la résurrection - Yom al-Dinn - lorsque les morts se lèveront et se rendront dans la plaine du paradis — le jardin du Taj — pour comparaître devant Allah sur son trône - le bâtiment lui-même qui contrairement aux mausolées précédents — le Mausolée d'Itimâd-ud-Daulâ qui se trouve dans la même ville, par exemple — ne se trouve pas au centre du jardin, mais trône au fond du complexe.

Wayne Begley met en avant la présence sur les bâtiments du complexe de 22 passages du Coran, dont 14 sourates complètes, en calligraphies de pierres noires incrustés dans le marbre blanc. Si la présence de parties du Coran paraît tout à fait naturelle, le choix des textes semble caractériser avec insistance les lieux comme une image du paradis. Ainsi le porche qui permet d'accéder au jardin porte la calligraphie de la sourate 89 qui se termine par : Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée ; entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Paradis le seul passage où Allah s'adresse au croyant par un commandement direct. Les calligraphies présentes sur le bâtiment principal ont pour sujets principaux la plaine du jugement dernier et les plaisirs du paradis, choix dont on sait qu'ils ont été faits de concert par l'empereur, le calligraphe et l'architecte et qui paraissent curieux à l'historien pour un mausolée qui célèbre l'amour que l'empereur portait à son épouse.

L'historien montre aussi que le plan de la plaine du paradis tel qu'il apparaît dans l'exemplaire illustré du Futuhat Al Maqqia - Les Illuminations de la Mecque - du maître soufi Ibn Arabî qui appartenait à la bibliothèque de Jahângîr, le père de Shâh Jahân, se superpose de façon confondante avec le plan du complexe, en particulier le mausolée occupant la place de trône de Dieu. De plus, le plan des jardins qui mènent au Taj Mahal suit la description du paradis avec ses quatre rivières d'eau, lait, vin et miel. À l'origine, avant la transformation opérée par les Britanniques, ils abritaient un verger comme décrit par le Coran.

Wayne Begley s'appuie ensuite sur la personnalité de l'empereur pour continuer sa démonstration. Shâh Jahân était, suivant sa description basée sur les textes, un despote imbu de sa personne, sa naissance dans l'an mil du calendrier musulman l'avait persuadé de son importance, et il avait tendance à s'identifier à l'homme parfait du soufisme, au maître de l'univers, qui afficha et affirma « sa » légitimité du pouvoir moghol, sur un pays qui ne partageait pas majoritairement la même religion que lui, en construisant « sa » version du paradis sur terre. Le complexe serait alors, plutôt qu'un mausolée destiné à une épouse chérie, une invention du XIXe siècle romantique répétée à l'envi, un instrument de pouvoir, comme a pu l'être le château de Versailles construit au cours du même siècle.

Pour laisser le dernier mot à Wayne Begley : "Le Taj, un bâtiment sans précédent, est probablement une des plus puissantes images de la Majesté Divine jamais créées. Sa beauté architecturale constitue la contrepartie formelle de notre concept mental le plus exalté, celui d'une divinité sans forme... Sa beauté relative est peut-être la manifestation de l'intention délibérée de refléter la Beauté absolue de Dieu".

Bien sûr c'est une interprétation parmi d'autres, car avant tout ce monument reste dans les esprits comme le symbole de l'Inde, mais surtout il est le témoignage vibrant de l'amour passion d'un roi pour sa femme, c'est ce qui en fait le mythe.

La fin de Shah Jahan


Comme je vous l'expliquais plus haut, Shah Jahan, pris de la folie des monuments, rêvait d'un second Taj Mahal en marbre noir, dans lequel il pourrait se faire enterrer, érigé de l'autre coté de la rivière Jumma et qui serait relié au premier par un pont de marbre noir et blanc. Mais la révolte grondait sourdement parmi le peuple qui, qui de plus en plus pressuré par les taxes, mourait de faim. Aurangzeb, fils de Shah Jahan, se rangea du coté des mécontents de son père qui tardait trop, à son gout, à lui céder le trone. Il décida donc de le renverser.

Shah Jahan délaissé de tous, fût fait prisonnier et passa neuf années enfermé dans un cachot de la tour de Jasmins. Jahanara Begun sa fille aînée, a été sa compagne et sa consolatrice. Il mourut en prison à l'age de soixante-quinze ans………les yeux fixés sur le blanc mausolée où l'attendait Mumtaz-i-Mahal. Triste fin sans doute, mais en même méritée quelque part, quand on sait qu'au début de son règne il avait fait assassiner tous ses frères, afin d'assurer la possession pacifique du trône !

Shah Jahan fût enterré dans le caveau souterrain du Taj, à coté de celle qu'il n'avait jamais oubliée, en dépit de ses folies, de ses dépenses et des récréations de la cour impériale

Conclusion


Je n'ai personnellement jamais vu le Taj Mahal en vrai et c'est un rêve que je vais réaliser cette année. En effet je vais en Inde cet été après 5 ans sans y être allée. J'ai le projet, outre Pondichéry, de visiter Delhi et quelques villes du Rajasthan, notamment le Taj...Il paraît qu'il faut le voir au coucher du soleil ou à la pleine lune...j'espère le voir à ces instants là...Je vous raconterai, promis, dans le numéro de septembre, mes impressions sur ce monument magique...

Dimanche 25 Juin 2006
Fabienne-Shanti DESJARDINS

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