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Mon séjour à Pondichéry.

C’est dans le Tamil Nadu (la région tamoule), un état situé dans le sud de l’Inde, au bord de la mer, qu’est situé Pondichéry. C'est dans cette ville, d'où ma famille est originaire, que je suis allée cette été lors de mon voyage en Inde.

Cet ancien chef-lieu des comptoirs français de l’Inde se trouve à 140km au sud de Madras, capitale du de cet état.

D’aucuns vous diront que ce n’est pas une destination touristique. Certes, mais on y va pour y trouver une atmosphère particulière d’une France disparue, un charme suranné, unique en Inde sans doute. C’est une ville où il y fait bon vivre. Pour ma part j’y vais non seulement pour y trouver aussi un peu de mes racines familiales mais aussi pour y redécouvrir une certaine Inde. En effet l'ancienne Colonie française a désormais un caractère indien et tamoul, teinté de nostalgie française qui fait de cette ville une destination très particulière...
Lors de mon séjour, j'ai habité dans la maison de mes parents, située dans le quartier "blanc" comme on l'appelle à cause de la couleur de ses maisons, au coeur du "French Quarter".

Néanmois, les traces de l'influence française à "Pudicheri" comme on l'appelle désormais, se retrouvent dans les képis rouges des policiers, l'orthographe des noms sur les enseignes et panneaux indicateurs, et sur quelques bâtiments et vieilles pierres. Beaucoup de familles indiennes de Pondichéry, sont restées françaises et portent des noms français aussi, habitent dans des maisons de style colonial. Le tamoul qu’on y parle est teinté d’un léger accent français et de quelques mots par ci par là dans la langue de Molière. Même chose pour l’anglais.
Autre héritage, l'alignement à angle droit des rues qui est encore une réminiscence des bâtisseurs français.

Autrefois on pénétrait dans ce qui s'appelait l’Union Territoriale de Pondichéry, et c'est dans la ville même de Pondichéry que l'on retrouve ce qui a le mieux symbolisé l'influence française en Inde.

C'est également ce qui rend unique ce territoire, et tout particulièrement son quartier français (ou quartier blanc, à cause de la couleur blanche de ses constructions). C’est l’Inde sans l’être tout à fait, un peu mon Inde à moi, l’Inde des miens.
On y trouve quelque chose de tout à fait différent du reste de l'Inde.

Pour la comprendre cette ville, quelques indications historiques sont nécessaires.



I/Petit historique : la période des comptoirs français

Mon séjour à Pondichéry.


L'Union Territoriale de Pondichéry comprenait quatre enclaves situées en trois états du sud de l'Inde. C'était les villes côtières de Pondichéry et Karikal dans la région du Tamil Nadu, Yanam (ou Yanaon) dans l'Andhra Pradesh et Mahe au Kerala. Et puis il y eut aussi Chandernagor dans l'état du Bengale. Des noms qui faisaient rêver de par leurs sonorités d'abord !

Les légendes associent le Pondichéry antique avec le grand sage Hindu Agastya. D’ailleurs des fouilles dans la région de Arikame à proximité de la ville ont permis de révéler que des origines romaines y existaient il y a plus de 2000 ans. Pondichéry a été successivement appelée Poduke et Podukay par les géographes et historiens des premiers siècles de notre ère.

Mais Pondichéry, telle que nous la connaissons aujourd'hui trouve sa genèse avec l'arrivée des français le 4 février 1673 .

Vingt ans après en 1693 , la ville tomba entre les mains des hollandais avant de retourner à la France en 1699 par le traité de Ryswick.

François Martin qui fut nommé Administrateur à la suite du traité de Ryswick, ramena la stabilité à Pondichéry et fut l'artisan de son développement. Dumas qui lui succéda, érigea des constructions sur les bases crées par François Martin.

En 1742 , Joseph François Dupleix devint gouverneur de l' Inde Française. A peu près à la même époque, la guerre éclata entre la France et l'Angleterre. D’ailleurs on dit que durant approximativement 250 ans, il y eut deux longues périodes de calme brisées par les guerres carnatiques franco-anglaises menées par Dupleix et Clive. C’est la situation en Europe, autant que les ambitions de Dupleix qui attisèrent le conflit Anglo-Français en Inde. Pourtant Dupleix est resté attaché à l’histoire de Pondichéry et on trouve une statue à son effigie près du bord de mer, sur le fameux Cour Chabrol.

Pondichéry, pendant environ les 70 années suivant le « règne » de Dupleix et des guerres, survécut dans un état de troubles et d’instabilités perpétuels quant au contrôle du territoire exercé alternativement par les Français et les Britanniques.

Finalement la province revint à la France en 1814 pour y rester jusqu'au 1er novembre 1954 , date à laquelle elle rejoint le reste de l' Inde indépendante.

Durant ces années, la contribution des Indiens Français à la Belle France et ses colonies fut considérable et même aujourd'hui, nombre de descendants vivent en France Métropole ou dans ses territoires outre – mer.

A l' indépendance des comptoirs, les familles indiennes de nationalité française durent signer un papier leur confirmant à vie et pour leur descendance, cette nationalité. Ceux qui ne le firent pas, devinrent indiens.
Bord de mer - (Cours Chabrol) avec la statue de Gandhi

II/ Petite chronologie : L'Indépendance de l'Inde et la fin des comptoirs

Mon séjour à Pondichéry.


1940: A l'invitation pressante des Britanniques, l'Inde française est l'une des premières colonies à soutenir le Général de Gaulle et à se rallier au mouvement de la France libre.

1947: Au lendemain de la guerre, le mouvement de rattachement à l'Inde indépendante se développe.

15 août 1948: Déclaration de l’Indépendance de l’Inde, sauf pour les 5 comptoirs français.

1949: Après une intense agitation et à l'issue d 'un référendum, Chandernagor se détache de la France et se fond dans l'Etat du Bengale

31 octobre 1954: Pour la dernière fois, à six heures du soir, au soleil couchant, le drapeau français est descendu du mât de pavillon.

1er novembre 1954: Après plusieurs mois de troubles et un blocus économique, après Dien Bien Phu, la France accepte enfin de rendre à l'Inde ses 4 derniers territoires. Mr R. K. Nehru, Secrétaire Général des affaires étrangères, venu tout exprès de Delhi, hisse le drapeau indien sur le sol qui sera désormais Etat de Pondichéry. Mr Kewal Singh est nommé 1er Haut Commissaire de l'Etat naissant. Il est reçu à l'Hôtel du Gouvernement par Mr Pierre Landy, envoyé diplomatique spécial du gouvernement de la République Française et conduit au cabinet du Gouverneur où la cérémonie de transfert des pouvoirs est accomplie. Au moment de des signatures des deux hommes d'état, le drapeau tricolore indien est hissé au sommet du Gouvernement, pendant que retentit une salve de 21 coups de canon.

28 mai 1956: Le traité de cession est signé à Delhi, 8 ans après le transfert "de facto"

Janvier 1963: Plusieurs milliers de Pondichériens choisissent d'opter pour la nationalité française

1er Juillet 1963: Naissance du "Territoire de Pondichéry" qui englobe les villes de Pondichéry bien sûr, Karikal, Mahé et Yanaon


Aujourd' hui près de 20.000 Pondichériens vivent en France et près de 10.000 citoyens français de l’Inde vivent dans le Territoire de Pondichéry.

C’est à cause de ces liens continuels entre à la fois la France et Pondichéry que cette cité est une ville Indienne unique, à part.

Une plage agréable, des bâtiments en bon état, des temples décorés (le Tamil Nadu est l’état des temples), l'Ashram d'Aurobindo, mondialement connu, et son expérience de vie en communauté avec Auroville , l'ont rendu célèbre. Des boutiques aussi plus touristiques apparaissent à l’instar des ashrams, qui prennent de plus en plus leur marque à Pondichéry même. J'ai ainsi pu m'acheter de très belles étoffes dans différents magasins de saris en plein centre ville, des salwar Kamiz, des penjabis... Il existe aussi un supermarché, géré par l'ashram, mais destiné à tous les pondichériens, Nilgiri...où l'on trouve des produits de consommation courantes et des denrées alimentaires, le tout made-in India à des prix compétitifs mais chers pour Pondichéry.

III/ Que visiter à Pondichéry ?

Shanti/Fabienne DESJARDINS
Shanti/Fabienne DESJARDINS


Située sur la côte sud de la Baie du Bengale, la ville de Pondichéry est reliée par la route et le chemin de fer, au reste du pays. La façon la plus confortable de se rendre à Pondichéry est donc d'emprunter les 160 kms de route, via Tindivanam, qui la sépare de Chennai (Madras), une fois que vous avez atterri à l’aéroport de Chennai.

Pondichéry demeure un endroit plein de charmes: une partie Est de la ville (celle qui borde l 'océan) appelée quartier blanc et une partie Ouest appelé quartier noir. Entre les deux un canal sépare ces deux villes. Effectivement deux villes car si la partie Est, le quartier blanc, l’ancien quartier français, conserve un certain calme et une ambiance propice à la nostalgie, la partie Ouest est bruyante, voire violente parfois par sa circulation désordonnée dans laquelle règne la loi du plus fort. C’est le règne du klaxon, des scooters, des auto rikshaws...

Des rues carrées de Pondichéry aux plages roses d'Auroville (que je n’ai jamais visité en fait) , même si le lieu n’est pas réputé comme touristique, il y a pourtant des endroits à voir.

Ce sont :

L'avenue de la plage (longue promenade d'un kilomètre et demi qui longe la mer) appelée aussi Cours Chabrol Elle est dominée par une statue de Gandhi tournant le dos au grand large. On s’y promène souvent le soir après le repas, seul, en couple ou en groupe…. Je l’ai souvent fait avec mes parents le soir, avant d'aller me coucher ou souvent après avoir rendu visite à ma tante qui habite tout près de la mer, rue Desbassyns de Richemont

Il y a le phare de 27 mètres de haut,les musées, le jardin botanique, les temples colorés typiques du Tamil Nadu(il y en a 350 à Pondichéry et environs), les mosquées et églises catholiques (plusieurs fois centenaires),l'Ashram de Sri Aurobindo, Auroville "La ville de l'Aurore" à 10 kms au nord et son Matrimandir (lieu de méditation).

On y trouve dans le quartier blanc une jolie Alliance Française, ma cousine Marie-Joëlle Primoguet y travaille d’ailleurs. Il y a aussi un lycée français, un institut français, la Bibliothèque Raymond Rolland...

Il y a aussi donc la ville "blanche" (comme je le citais plus haut) et ses splendides maisons coloniales…Certaines que j’ai visité, d’autres dans lesquelles habitent certains membres de ma famille ou des amis de la famille. Dans ce quartier blanc, se trouve aussi, dans la rue Montorsier, la maison blanche de mes parents, où ils habitent 6 mois dans l'année, et dans laquelle j'ai vécu aussi avec eux durant mon séjour. C'était la première fois que je m'y rendais...Une belle maison neuve qui ne jure pas avec le reste du quartier. Il y a aussi plus bas près du canal, dans le quartier dit « noir », la maison de mes grands-parents paternels, pas très loin de la plage, tout près d’une salle de mariage.

Je me souviens aussi du « Big Market », grand marché couvert aux milles senteurs où l’on peut trouver des épices de toute sorte, des marchandes de couronnes de fleurs pour les cheveux des femmes (en effet les femmes tamoules portent des couronnes de fleurs de jasmins dans les cheveux), des fruits, des légumes, du thé en vrac naturel…

Il y a aussi un quartier commerçant très vivant(avec des magasins de vêtements, des bijouteries, des pâtisseries, de l’artisanat , des marchands de tissus), …des restaurants typiques… On y trouve aussi à présent des magasins très modernes pour les touristes franco—indiens revenant au pays pour les vacances.… J'ai bien profité de tous ces magasins...mais aussi des magasins de saris, de tissus. J'ai aussi profité du Beauty Parlour (institut de beauté') au dessus du supermarché "Nilgiri" ou pour à peine 10 euros j'ai fait éplier mes jambes, mes aisselles, et ai fait un soin du visage". Tous ces centres sont dirigés par l'ashram mais tout le monde y est bienvenu. Chez "Fleurs en flacons", j'ai eu droit à un vrai massage ayurvédique, pour l'équivalent de 5 euros... Toutes ces impressions sont en vrac, je vous en dirai plus dans mon prochain numéro...


Vendredi 27 Octobre 2006
Fabienne-Shanti DESJARDINS

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